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Au Niger, le régime militaire expulse l’ambassadeur de France

Jeune Afrique

Le CNSP au pouvoir à Niamey a décidé vendredi d’expulser Sylvain Itté, lui donnant 48 heures pour partir, une décision aussitôt rejetée par Paris, pour qui les « putschistes n’ont pas autorité » pour ce faire. Le Niger des militaires suit les traces du Mali et du Burkina Faso, où il n’y a plus d’ambassadeur de France.

Manifestation de partisans du CNSP, place de la Concertation à Niamey, le 20 août 2023.© AFP

La décision prise ce vendredi 25 août par les militaires de Niamey d’expulser l’ambassadeur de France au Niger est l’aboutissement d’un mois de manifestations, décisions et déclarations hostiles à la politique française. Le ministère nigérien des Affaires étrangères a annoncé que face « au refus de l’ambassadeur de France à Niamey de répondre à l’invitation […] pour un entretien » vendredi et à « d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger », les autorités « ont décidé de retirer leur agrément à M. Sylvain Itté et de lui demander de quitter le territoire nigérien sous quarante-huit heures ».

Le ministère français des Affaires étrangères a répliqué en affirmant que « les putschistes n’ont pas autorité pour faire cette demande, l’agrément de l’ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues », celles du président Mohamed Bazoum, renversé la 26 juillet. Une position partagée par Hassoumi Massoudou, chef de la diplomatie de Mohamed Bazoum, qui sur X (ex-Twitter) « rappelle que l’ambassadeur est accrédité auprès du président élu ».

Ce coup d’État est un coup contre la démocratie au Niger, contre le peuple nigérien et contre la lutte anti-terroriste.

La décision d’expulser l’ambassadeur suit une série de déclarations, décisions et manifestations hostiles à la France depuis le coup d’État contre le président Bazoum, toujours détenu avec une partie de sa famille. Le régime militaire a en particulier accusé Paris de vouloir intervenir militairement au Niger pour remettre en place Mohamed Bazoum et affirmé que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) était une organisation « à la solde » de la France. La Cedeao a imposé de lourdes sanctions économiques et financières au Niger après le coup d’État et menacé le régime militaire d’employer la force armée pour rétablir l’ordre constitutionnel.

La France déploie au Niger 1 500 hommes qui aidaient le régime du président Bazoum à lutter contre les groupes jihadistes. Mercredi, le président français Emmanuel Macron a une nouvelle fois appelé à la « restauration de l’ordre constitutionnel » au Niger et à la libération du président Bazoum. « Ce coup d’État est un coup contre la démocratie au Niger, contre le peuple nigérien et contre la lutte anti-terroriste », a-t-il déclaré.

Des organisations hostiles

Quatre jours après le coup d’État, des centaines de partisans des putschistes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey en y provoquant des dégâts. Les manifestants ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène et le régime militaire a accusé Paris d’avoir utilisé des armes, ce qu’a catégoriquement démenti le gouvernement français. Plusieurs manifestations de ce type ont à chaque fois été rythmées par des slogans hostiles à la France et à la Cedeao, la Russie – qui tire profit de l’hostilité à l’égard de Paris dans le Sahel – étant elle louée et applaudie.

Le 3 août, le CNSP au pouvoir à Niamey a dénoncé une série d’accords militaires avec la France, décision que Paris a ignorée, ne reconnaissant que Mohamed Bazoum comme dirigeant légitime du Niger. Des organisations hostiles à la présence militaire française ont indiqué cette semaine qu’elles entendaient manifester à partir du 3 septembre devant la base militaire française à Niamey pour exiger le départ des soldats.

Les militaires ont aussi accusé la France d’avoir violé à plusieurs reprises son espace aérien, fermé sur décision du régime, et d’avoir « libéré des terroristes », ce qui constitue selon eux « un véritable plan de déstabilisation de [leur] pays ». Accusations là encore vigoureusement démenties par Paris.

Le Niger des militaires suit les traces du Mali et du Burkina Faso, où il n’y a plus d’ambassadeur de France. Ces deux pays également dirigés depuis 2020 et 2022 par des militaires ayant pris le pouvoir par la force et confrontés à la violence jihadiste, se sont montrés solidaires des généraux de Niamey, se disant prêts à combattre au côté de l’armée nigérienne en cas d’intervention de la Cedeao.

(avec AFP)

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