Attentat de Mogadiscio: la Turquie apporte de l’aide médicale à la Somalie
Un avion militaire turc a atterri à Mogadiscio, la capitale somalienne, après l’attentat de samedi. A son bord : des médecins turcs qui vont collaborer avec les équipes locales. L’avion a également évacué seize blessés graves.
La Turquie sera « toujours aux côtés de la Somalie ». Dès l’annonce de l’attentat de ce samedi à Mogadiscio, Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a rendu hommage sur Twitter aux victimes de l’attaque, dans laquelle deux citoyens turcs ont perdu la vie, et a réaffirmé son soutien au pays, rapporte notre correspondante à Istanbul, Cerise Sudry-Le Dû.
La Turquie soigne en effet sa relation avec la Somalie. Samedi, elle a dépêché un avion militaire et fourni des soins médicaux, immédiatement après l’attentat, comme elle l’avait déjà fait en 2017 lorsqu’une attaque avait plus de 300 victimes.
L’avion a touché le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio à l’aube avec à son bord , 24 médecins et des équipements. « Les médecins turcs sont arrivés et ont évacué des blessés en Turquie, explique le docteur Abdulkrim Jowhar, directeur de l’hôpital Kalkaal. Quinze personnes ont ainsi été transférées et les évacuations se poursuivent. Nous n’avons pas les infrastructures suffisantes ici donc on a besoin de soutien. C’est une situation d’urgence, ils n’ont pas le temps de distribuer tout le nécessaire ici pour faire les soins. »
Quatre blessés sont encore en soin, mais restent stables. Vu la situation, Abdulkrim Jowhar attend avec impatience l’aide internationale. « Nous sommes un petit hôpital avec peu de moyens. Nous arrivons au bout de ce que nous pouvons faire », se désole-t-il.
Lutte contre la montre
Ces dernières quarante-huit heures ont été cruciales pour les équipes médicales des hôpitaux de la capitale, qui ont reçu plus de 125 blessés. « Nous avons lutté contre la montre, explique Mohamed Yussuf, directeur de l’hôpital Medina. En moins de 3h, depuis leur arrivée dans notre établissement, il fallait accueillir, trier et traiter les blessés. Chaque minute compte ».
Les 23 chirurgiens de cet hôpital, tous formés à la traumatologie, c’est à dire au soin des blessures, ont travaillé sans relâche. « Malheureusement, les attentats, cela fait vingt ans qu’on les subit. Nous avons acquis un grande expérience en médecine de de guerre », poursuit le directeur.
Eviter les transferts inutiles
L’hôpital Medina traite aujourd’hui 52 survivants de l’attaque. Son directeur, Mohamed Yussuf préfèrerait éviter des transferts peut-être inutiles, alors que les humanitaires turcs ont demandé à ce que les blessés soient tous transférés à l’hôpital Erdogan de Mogadiscio.
« Si les patients ne partent pas en Turquie, alors ils doivent revenir dans notre hôpital. Nous pouvons gérer la situation, nous sommes soutenus par la Croix rouge, et nous avons beaucoup d’expérience dans les blessures de guerre. Ce dont nous avons besoin, c’est d’équipement, d’instruments et de médicaments. Les Turcs font un gros effort et nous les remercions, mais en même temps, il faut que l’on se demande si l’aide qu’ils nous apportent est celle dont nous avons besoin. Chaque hôpital doit pouvoir décider. »
Seize blessés graves ont été évacués dimanche vers la Turquie. D’autres devraient suivre dans les jours à venir.
Investissement turc
Mais l’aide médicale n’est pas le seul domaine d’investissement de la Turquie. Construction d’aéroport, de routes, d’écoles, le pays a investi dans de nombreux domaines et même ouvert une immense base militaire. La relation turco-somalienne est chaleureuse depuis plusieurs années.
Cet investissement intense lui permet aussi d’avoir une présence importante dans la Corne de l’Afrique, face à la péninsule arabique. Et si la Somalie est le principal bénéficiaire de l’aide turque en Afrique, le pays est loin d’être le seul. En une vingtaine d’années, les échanges économiques avec le continent africain sont passés de 100 millions de dollars à 20 milliards de dollars.
Source: Rfi.fr