Attaques d’un camp à Sokolo: À quand la fin de la comptabilité macabre ?
C’est à croire que les terroristes ne veulent pas donner du répit à l’Armée malienne. Après les attaques meurtrières en novembre 2019 dont celle d’Indelimane qui aura coûté la vie à une soixantaine de militaires, les forces du mal ont encore frappé le jeudi, 26 janvier 2020 à Sokolo vers la frontière Mali-Mauritanie. Le bilan fait état de 25 gendarmes tués dans le camp de Sokolo, 05 blessés et 07 portés disparus. C’est dire si le Mali commence l’année 2020 dans la désolation. Cette énième attaque sanglante est la preuve, si besoin en est, que les terroristes qui écument le territoire malien disposent d’une puissance de feu hors du commun.
Face à ces assauts à répétition, l’on se demande quel antidote trouver ? Comment arrêter la spirale de la mort ? Comment mettre fin à ce décompte macabre ? Car, ni le Niger, ni le Burkina encore moins le Mali ne sont épargnés. Disons le net, l’heure est grave car, c’est la survie même de ces pays qui est ici, en jeu. C’est pourquoi il est impératif de mutualiser les renseignements, les moyens humains et matériels. Car, de plus en plus, les terroristes n’hésitent plus à se coaliser pour mener des attaques d’envergure.
Tant que le Nord-Mali restera un nid de terroristes, l’insécurité au Sahel aura de beaux jours devant elle
En tout cas, il est temps d’œuvrer à mettre fin à la comptabilité macabre dans les trois pays. Pour ce faire, une opération de dératisation s’impose pour mettre hors d’état de nuire ces groupes terroristes qui sont en passe, si ce n’est déjà fait, de mettre le Sahel sous coupe réglée. Mais, que l’on ne s’y trompe pas : tant que le Nord-Mali restera un nid d’abeilles où des individus sans foi ni loi pourront toujours trouver refuge après leurs forfaits, l’insécurité au Sahel aura de beaux jours devant elle. Et ce n’est pas demain la veille que l’on viendra à bout du terrorisme dans ces contrées. En tout état de cause, l’on ne saurait raisonnablement aborder cette question sans évoquer la question du statut de la ville de Kidal qui appelle à une clarification. D’autant que de plus en plus, des voix s’élèvent jusque dans des palais présidentiels, pour attirer l’attention sur le cas de Kidal. Car, tout porte à croire que tant que la ville rebelle du Nord-Mali échappera au contrôle de Bamako et sera l’objet d’ambiguïtés de la part de la communauté internationale, les pays du Sahel ne connaîtront jamais la paix.
Les pays du Sahel dans la tourmente
Aujourd’hui, ils sont nombreux les maliens qui vivent la peur au ventre, complètement désemparés qu’ils sont. Suivant une cadence et un minutage qu’ils ont choisis, les terroristes assènent des coups mortels, augmentant au-delà de la mort qu’ils sèment, la peur des lendemains.
Des militaires tués par-ci, des forestiers « braconnés » par-là, des paysans trucidés au champ, des familles froidement abattus, des enseignants exécutés devant leurs élèves, des conseillers municipaux et chefs de villages envoyés ad patres, des cars de transport en commun pulvérisés par des engins explosifs, etc. Et le dernier en date est l’attaque terroriste du camp de Sokolo vers la frontière Mali-Mauritanie où des gendarmes ont été abattus. Partout, les exemples sont légions d’honneur. Si ce n’est encore l’apocalypse, le Mali ne semble pas, en tout cas, loin des portes de l’enfer. Mais ce qui met le plus les Maliens dans l’émotion collective, c’est beaucoup moins les champs de ruines que l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes par des autorités qui, à chaque ruade mortelle de la bête terroriste, serinent la même rengaine : le Mali ne courbera pas l’échine.
Et pendant ce temps, elles n’opposent presque rien à ceux qui s’acharnent sur les pauvres populations. Trop, c’est trop et il est temps que les présidents IBK du Mali, Issoufi du Niger et Roch du Burkina-Faso qui ont juré de défendre, par tous les moyens, l’intégrité territoriale et la sécurité de leurs concitoyens, sortent de leur léthargie et qu’ils enfilent leurs tenues de guerre. Et pour ramener la paix au Mali, au Niger et au Burkina qui n’en peuvent plus de pleurer leurs morts, aucun sacrifice n’est de trop. Pour l’instant, ces trois présidents n’ont privilégié que la réponse militaire alors que visiblement, leur armée ne sont pas en ordre de bataille et montrent des limites. Peut-être est-il enfin temps d’ajouter le dialogue à cette stratégie. Car un pays que tout exposait à la furie meurtrière des terroristes comme la Mauritanie, est parvenu, en maniant la carotte et le bâton, à se soustraire de l’emprise djihadiste. Cet exemple devrait donner à réfléchir.
En tout cas, en attendant que le président IBK, trouve la solution au problème de sécurité que connaît son pays, les partis politiques de l’opposition qui font une exploitation éhontée de la situation du Mali, devraient arrêter d’en rajouter aux meurtrissures du peuple en jouant les pêcheurs en eaux troubles. Des propositions de dialogue aux revendications syndicales en passant par l’allocation des subventions des partis politiques au budget de la défense, tout ceci ne constitue que des mesures cosmétiques sur fond de visées électoralistes. En tout cas, que l’on se le dise clairement. Ce dont le Mali a besoin, c’est l’union sacrée de ses fils et filles. C’est la seule condition pour que notre pays ne courbe pas l’échine.
Jean Pierre James