Assainissement : quand le manque de toilettes menace les eaux souterraines au Mali
Meguetan Infos
En partenariat avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable, l’organisation WaterAid a organisé, ce vendredi 18 novembre, une conférence presse. C’était à l’hôtel de l’Amitié, à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes. L’édition 2022 porte sous le thème : « Eaux souterraines et assainissement ».
Au Mali, la Direction nationale de l’hydraulique estime à 2 700 milliards de m3 les ressources en eaux souterraines. Ces réserves d’eau sont une ressource inestimable pour un pays sahélien comme le Mali. Cependant, force est de constater qu’elles sont menacées par le manque de toilettes. « Les eaux usées des toilettes s’infiltrent dans la nappe phréatique », alerte Drissa Traoré, représentant le ministre de l’Environnement à la conférence de presse. Or, prévient l’environnementaliste, il faut 5 000 ans pour décontaminer une nappe phréatique polluée.
« Les eaux souterraines sont utiles pour la consommation humaine, elles maintiennent les forêts et servent à l’élevage du bétail », a indiqué Alassane Maïga, directeur des programmes et plaidoyers à WaterAid. Ces eaux si utiles, a rappelé Alassane Maïga, sont pourtant polluées par manque de toilettes. Selon le directeur des programmes et plaidoyers à WaterAid, 6% de la population malienne pratique encore la défécation à l’air libre.
Au Mali, on estime à 55%, le pourcentage de population qui n’a pas accès à l’assainissement. Dans le monde, 3,6 milliards de personnes vivent dans des mauvaises conditions d’assainissement. « La journée mondiale des toilettes nous interpelle », a informé Alassane Maïga. Et d’ajouter : « L’assainissement c’est la santé, mais aussi la vie ». Pour mettre fin à la pollution des nappes phréatiques, il faut des toilettes améliorées, ont indiqué les conférenciers.
Financements innovants pour l’assainissement…
« Le vrai problème de l’assainissement au Mali, c’est le déficit de financement », a dénoncé Ousmane Kida, représentant de la Coalition nationale de la campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-CIEPA/WASH). Au Mali, 3,58% du budget d’Etat est alloué au secteur Eau et Assainissement, et seulement 0,58% de montant est alloué au seul assainissement. « Aujourd’hui, 70% des financements de l’assainissement viennent des partenaires », souligne Ousmane Kida.
Pour résoudre ce déficit de financement, il faut des mécanismes de financements innovants. « L’eau potable doit financer les eaux usées », a indiqué le représentant de la CN-CIEPA. Aux dires du militant de la société civile, il faut ajouter 10 FCFA au prix du m3 de l’eau potable pour l’assainissement de l’eau. On peut ajouter aussi 25 FCFA au frais de transfert d’argent du mobile money. « Ce n’est pas la société civile qui va prendre cette décision », a conclu Ousmane Kida.
Mamadou TOGOLA/Maliweb.net
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