La brusque disparition de Soumy Champion a chamboulé tout au sein de sa formation politique : l’Union pour la République et de la Démocratie (URD). Si son absence rabat les cartes du marigot politique, les prétentions qui ont conduit au bras de fer judiciaire entre pro Pr Salikou Sanogo et pro Boubou Cissé ont carrément émietté l’URD !
Pour la prochaine présidentielle, un favori était annoncé : l’Honorable Soumaïla Cissé, décédé en décembre 2020. Le départ sans retour du président de l’URD changera tout, notamment dans l’arène politique où la côte de l’ex patron de l’UEMOA aura explosé en 2020. Tout d’abord à cause de son rapt lors des législatives, mais aussi suite à sa libération.
Bien que interpellé sur ses sorties médiatiques au lendemain de son retour parmi les siens, Soumaila Cissé était très actif. Il est présent au décès d’Amadou Toumani Touré qui lui a ouvert les portes de sa carrière internationale.
Seulement, le grand favori de Koulouba 2023 (finalement ajourné) a déjoué tous les pronostics. S’il était vu gagnant au sortir d’un second tour dans une élection où la junte entend s’inviter, il ne sera plus de la partie. Son décès fragilise l’URD qui ramait sur une montée en flèche. Une conférence nationale était d’ailleurs prévue en décembre 2020 où la rentrée politique du feu Soumy se ferait. Malheureusement, elle sera reportée à cause du covid. Le peuple n’aura pas l’occasion de voir le chef de l’opposition en meeting grandeur nature sur la mobilisation de son parti. Le RPM étant émietté lors de sa détention arbitraire, il était clair que l’URD tenait la corde et semblait faire office de première force.
D’autre part, feu Soumaila avait un carnet d’adresses très important. Une base de données à même de lui permettre de tenir tête aux hommes en treillis de Kati. Ces derniers avaient quand même pris les devants en faisant planer l’ombre d’un projet de réduction d’âge à Koulouba. Pire, ils n’ont pas daigné organiser des funérailles nationales à l’endroit du défunt. Les ingrédients étaient donc réunis pour que l’ancien ministre des finances ne se fasse voler sa victoire comme une lettre à la poste.
Désormais, il est question de savoir qui pourra porter le parti à la prochaine présidentielle. Plusieurs cadres militent à l’URD, mais il est compliqué de déterminer un leader à la dimension du fondateur de la formation.
Pire, l’URD, à l’image du RPM, est devenue la risée du giron politique. La preuve, mis sur orbite par le récent congrès extraordinaire comme président de l’ex parti leader d’opposition, Gouagnon Coulibaly a été mis sous contrôle judiciaire. Aussi, le juge d’instruction du 9è cabinet du Pôle économique et financier de Bamako a placé certains responsables de l’URD aux mêmes griefs dont Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, Kalilou Samaké, Aly Bazzi et Mohamed N Bazzi. Ils ont été tous inculpés pour faux et usage de faux dans le cadre du congrès extraordinaire organisé en janvier.
Les chances sont donc réduites pour la seconde force politique du Mali surtout que les soutiens ne seront pas légion, alors que le camp Gouagnon a opté pour l’ex premier ministre Boubou Cissé pour Koulouba.
Pourtant la tendance à l’origine des inculpations pour faux et usage de faux dans le cadre du congrès extraordinaire organisé en janvier, est conduite par un candidat au fauteuil présidentiel : Me Demba Traoré, ou le fils du père. Aussi, l’ombre du célèbre banquier Igor Diarra plane autour de la candidature du parti, éternel second aux différentes présidentielles, depuis sa création.
L’élan de l’URD pour le fauteuil présidentiel est fortement affecté, mais on attendra de voir l’épilogue de la saga judiciaire qui entérine l’émiettement du parti, bâti plus de 2 décennies par Soumy Champion.
S’il est écrit que le parti de feu SOUMY CHAMPION doit l’emporter, il en sera ainsi. Sauf que d’ici là, l’absence du vis-à-vis d’IBK fera émerger d’autres leaders de l’arène, tentés eux- aussi par la colline du pouvoir. L’acte 3 du rendez-vous à Koulouba pour l’URD se fera bien sans le plus populaire fils de Niafunké après feu Ali Farka Touré ! Qu’il repose en paix et qu’un choix réfléchi et réaliste soit fait concernant le porte-étendard car au bout du compte, la relève n’a pas été assurée au grand dam de son épouse qui aura conduit une forte médiation ces derniers mois, finalement infructueuse!
Idrissa Keita
Source: Le SOFT