Après l’échec de ses missions militaires au Sahel : L’UE opte pour une nouvelle aventure sécuritaire dans les pays du golfe de Guinée
Meguetan Infos
L’annonce a été faite récemment. L’Union européenne prévoit une nouvelle mission sécuritaire dans le Golfe de Guinée. Cette mission, qui vise à prévenir l’instabilité déclenchée par les groupes terroristes au Sahel, pourrait voir le jour dès le mois de novembre prochain. Une aventure sécuritaire très hasardeuse au regard de l’effet contraire produit au Mali et au Niger.
Les États membres de l’Union européenne (UE) ont convenu de lancer une mission dans le golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest. Cette mission sera composée de policiers et de soldats déployés au Ghana, au Togo, au Bénin et en Côte d’Ivoire.
Selon de nombreux médias qui citent des responsables de l’UE, elle aura pour objectif de former et de conseiller les forces de sécurité locales, d’aider à préparer les opérations antiterroristes, de fournir un soutien technique et de mettre en œuvre des mesures de confiance dans le secteur de la sécurité.
La mission doit être lancée après l’approbation formelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE lors d’une réunion prévue en octobre à Luxembourg. La raison derrière la mission prévue est la crainte de l’UE que les groupes terroristes ne puissent « étendre leurs activités en Afrique de l’Ouest depuis la zone du Sahel vers les pays côtiers du sud du golfe de Guinée, conduisant à une instabilité encore plus répandue dans la région », selon certains diplomates.
Les activités de ces groupes liés à « l’État islamique » et à Al-Qaida ont secoué des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ces dernières années. L’UE veut également contrer l’influence russe dans la région, qui s’est étendue grâce aux mercenaires de Wagner soupçonnés d’avoir soutenu des régimes militaires au Sahel.
Ainsi, l’Europe cherche toujours à endiguer la vague d’instabilité. Toutefois, la situation s’est davantage compliquée au Sahel après que le Mali a dénoncé des accords de défense poussant vers la sortie plusieurs partenaires traditionnels occidentaux en matière de sécurité. Le Burkina en a également fait de même. D’aucuns n’excluent pas que le Niger– au cas où le putsch du 26 juillet dernier arrive à être consommé– emboîte le pas au Mali et au Burkina Faso.
Rappelons que le Bénin et le Ghana avaient déjà officiellement invité l’UE à déployer la mission sur leur territoire. Celle-ci intervient alors que plusieurs pays du Sahel anciennement liés par des partenariats sécuritaires avec les Occidentaux sont tombés sous des gouvernements militaires à la suite de coups d’État.
Le dernier en date c’est bien sûr le Niger dont le coup d’Etat est survenu depuis le 26 juillet. Avant le Niger, il y a eu le Mali et le Burkina Faso. La chute du Niger sous le contrôle de la junte est particulièrement préoccupante dans la mesure où ce pays était un allié clé des puissances occidentales opérant dans toute la région.
À l’instar du Mali qui avait accueilli une opération de l’UE dénommée Takuba, le Niger, depuis mars 2020 à la faveur de la présence militaire française, aussi accueillait sur son sol des troupes françaises, allemandes, américaines et italiennes notamment.
D’ailleurs, en raison des tensions avec le Mali obligeant ces forces à se redéployer ailleurs, le Conseil de l’UE avait lancé en décembre 2022 une mission de partenariat militaire au Niger (EUMPM Niger) dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) afin de soutenir le pays dans sa lutte contre les groupes armés terroristes et renforcer la capacité de ses forces armées à contenir la menace, à protéger la population du pays et à garantir un environnement sûr et sécurisé dans le respect du droit relatif aux droits de l’homme et du droit international humanitaire.
L’UE n’a pas appris de ses erreurs
L’EUMPM Niger avait pour objectif de soutenir en particulier la création du Centre de formation des techniciens des forces armées, fournira, sur demande, des conseils et une formation spécialisée aux spécialistes des forces armées nigériennes et soutiendra la création d’un nouveau bataillon chargé de la communication et de l’appui au commandement. Le commandant de la mission en la personne du vice-amiral Hervé Bléjean, directeur de la capacité militaire de planification et de conduite (MPCC), avait même été désigné.
Cette situation prouve à suffisance qu’à l’approche tout militaire même si elle a été quelque peu soutenue par des initiatives de développement, adoptée par l’EU, n’a pas été du tout payante. Pire, beaucoup ont l’impression qu’elle a rendu nos forces moins impliquées et moins responsables alors qu’elles devaient être en première ligne.
C’est en partie ce qui explique les échecs de ces missions de l’UE. Apparemment, celle-ci n’apprend pas de ses erreurs puisqu’elle envisage de reconduire la même formule qui n’a pas marché au Sahel dans les pays du Golfe de Guinée dont certains sont déjà frappés par la menace terroriste.
Avec cette méthode que l’UE envisage d’exporter, il faut craindre que la contagion des coups d’Etat ne se propage dans ces pays qui ont également des fragilités. À force de se substituer à nos forces, celles-ci pourraient orienter leurs efforts dans la conquête du pouvoir comme c’est le cas actuellement au Sahel au détriment des acteurs politiques dont une bonne partie de l’opinion publique commence à désavouer en les accusant de tous les péchés d’Israël
Cheick B. CISSE
Le Wagadu