Après la validation des TDR de la Concertation sur la transition : Vers une bataille rangée entre pro-civils et militaires
Soumis à l’examen et à d’éventuels amendements des forces vives, le processus de validation des Termes de références des concertations nationales a débordé de son cadre par endroit et donné lieu à un avant-goût de la grande convergence annoncée cette semaine pour décider de la transition post-IBK.
Les travaux sur la validation des Termes de référence (TDR) des futures assises nationales sur la transition ont débuté, samedi dernier, au Centre international de conférences de Bamako (CICB). La cérémonie a mobilisé des responsables de partis et mouvements politiques, des organisations de la société civile et syndicale ainsi que des leaders religieux, sous la présidence du 1er vice-président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), le Colonel Malick Diaw.
Malgré les mises au point de ce dernier sur l’agenda du CNSP et sa volonté à entamer au plus vite le processus «reconstruction du Mali», le démarrage de la concertation de Bamako a dû être perturbée par la jeunesse du M5-RFP. S’offusquant, en effet, de ne pas figurer dans l’ensemble des commissions, la frange juvénile du Mouvement contestataire d’IBK s’est insurgée contre sa sous-représentativité et donné de la voix en pleins travaux dans la salle. Il n’était pas admissible, pour elle, que le CNSP et la Coordination des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CMA) soient les seuls représentés dans tous les groupes.
Le ton a été donné par l’imam Oumarou Diarra, qui a qualifié l’acte «de mépris » en rappelant au passage que les militaires n’ont fait que parachever l’œuvre du M5. «C’est une tentative de confiscation de la victoire du peuple. Comment comprendre que le CNSP et la CMA soient dans toutes les commissions et pas le M5-RFP », a-t-il dénoncé. D’aucuns y sont allés par la suite jusqu’à remettre en cause la moralité du conseil juridique du CNSP, qu’ils prétendent connaitre à la Faculté des Sciences juridiques et politiques. Devant ce tollé ajouté à la convoitise des présidences de groupe et des rôles de rapporteur, entre autres, les organisateurs n’ont eu pour seule explication que les participants pouvaient s’inscrire dans les groupes de leur choix. Il s’agit notamment des ateliers respectivement consacrés à la feuille de route, à l’architecture et à la charte de la transition.
Au nombre des difficultés observées figurent par ailleurs la confusion autour de l’ordre du jour chez certains participants. En effet, des participants se sont prononcés sur le fond des débats, à savoir la durée et l’architecture de la transition, qui devraient être débattues lors des assises prévues les 10, 11 et 12 septembre.
C’est après le remue-ménage occasionné par tous malentendus qu’un retour au calme a permis de reprendre les travaux. Les participants ont ainsi planché sur le projet de «termes de référence», à savoir : le document présenté par le CNSP sur les grands axes de la feuille de route de transition, son architecture (ses organes) et la charte devant la régir.
Conformément aux indications contenues dans le document soumis à l’appréciation des forces vives de la Nation, un processus identique s’est déroulé dans toutes les capitales, excepté la région de Kidal, où les concertations ont donné lieu à la convergence de diverses acteurs d’entités politiques, associatives et administratives autour des mêmes points contenus dans le projet de TDR de la transition.
Un peu partout, les participants en ont profité pour aller au-delà de la tâche en consignant dans leurs rapports respectifs des perceptions locales de grandes préoccupations nationales comme les problèmes de sécurité, de gouvernance, de justice et d’impunité, de gestion du front social, d’accès à certains services sociaux de base, etc.
En lieu et place d’une simple appréciation aux dons d’amendements éventuels des TDR, les préoccupations ont par endroit débordé sur les approches et perceptions de la gestion de la transition et révèlent une grande divergence entre régions sur certains de ses aspects.
Si la plupart conviennent d’une cohabitation entre civils et militaires dans le gouvernement transitoire ainsi que d’une durée maximum de 18 mois pour la conduite de la transition, le statut du président de l’organe transitoire suprême n’a pas l’air de polariser les assentiments.
Par-delà la confusion autour de l’option des participants à Tombouctou, on note une nette préférence accordée à une présidence civile à Kayes et à Gao tandis Segou et Mopti se sont prononcés, selon nos sources, pour un militaire actif. Il y a lieu de s’attendre, en définitive, à un bras-de-fer corsé entre tendances favorables à la présidence militaire et adeptes du schéma préconisé par la Cédéao, à savoir la gestion de la transition par un pouvoir civil sans influence de la junte.
Amidou KEITA