Après 31 mois sans salaire : Adama M. Coulibaly assigne la DNSEP en justice et exige d’être remis dans ses droits
Meguetan Infos
Détenteur d’un contrat à durée indéterminée (CDI) depuis 2017 avec la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP), Adama M. Coulibaly, animateur du centre d’animation sportive du Palais des sports Salamatou Maïga a vu son salaire couper durant 31 mois à l’issue d’une tentative de résiliation de son contrat de travail. Afin qu’il puisse être remis dans ses droits, il a assigné la DNSEP en justice et exige une réparation pour préjudice.
L’animateur du centre d’animation sportive du Palais des sports Salamatou Maïga, Adama M. Maïga, est depuis quelques années dans une situation complexe. Il a des arriérés de salaire de 31 mois au niveau de la direction nationale des sports et de l’éducation physique. Une situation très difficile pour un chef de famille surtout en cette période où les prix des denrées de première nécessité connaissent une hausse.
Selon Adama M. Coulibaly, il a 31 mois d’arriérés de salaire au niveau de la DNSEP que les responsables refusent de payer. “Je travaille au palais des sports Salamatou Maïga depuis 2014 et cela fait 8 ans aujourd’hui. C’est la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP) qui m’a engagé en tant que consultant dans le cadre du développement du sport. Elle m’a fait un premier contrat à durée déterminée (CDD) en 2014. Ensuite, elle a renouvelé ce contrat trois fois. En 2017, les responsables de la DNSEP m’ont donné un contrat à durée indéterminée (CDI) en y ajoutant la retenue sociale 21 %, c’est-à-dire tout ce qui est INPS, ITS. Alors, c’est eux qui m’ont embauché et qui ont fait de ce contrat, un contrat à durée indéterminée. Il y a eu des retards de salaire en 2018 et en 2019, cela peut arriver. Le dossier est parti au niveau du budget et nos droits ont été réglés. Maintenant depuis 2020 jusqu’à nos jours, je n’ai pas reçu mon salaire”, explique l’intéressé.
Il ajoute que pour des raisons non fondées, certains responsables de la DNSEP ont tenté de résilier son contrat à durée indéterminée sans succès. “En avril 2020, les responsables de la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP) ont écrit à l’inspection du travail pour résiliation de mon contrat à partir de janvier 2020. Cela se trouve que 4 mois avaient déjà passé. L’inspection de travail lui ont répondu que son avis n’est pas rétroactif que ça serait peut-être pour le futur. L’inspection de travail lui a encore demandé de venir prouver le texte de loi qui dit qu’un contrat ne peut pas excéder plus d’un an. Au vu et au su de tout ceci qu’ils ne sont pas en mesure de résilier le contrat”, dit-il.
Harcelé au quotidien
Après cette tentative de résiliation de son contrat, Adama M. Coulibaly est parti voir le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne afin qu’il puisse résoudre son problème. “Pour ce dossier, l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Mossa Ag Attaher, m’a reçu à deux reprise. Il m’a demandé que je sois ses yeux et ses oreilles au niveau du palais des Sports. Il m’a encore dit qu’il va me nommer chargé des infrastructures. Un mois après, il ne m’a pas fait appel et je suis reparti chez lui. Il m’a dit qu’après mon départ, des gens se sont réunis pour poursuivre le département des Sports devant le contentieux de l’État. Je lui ai dit que je suis au courant de ce dossier et que je fais partie de ces personnes. Ensuite, je lui ai montré mon contrat et il m’a dit que j’ai un bon contrat et pourquoi je n’ai pas été payé durant ces mois”, laisse entendre notre interlocuteur, ajoutant que le ministre lui promis de tout faire pour qu’il puisse être payé. Depuis sa rencontre avec le ministre le dossier n’évolue pas.
Après l’échec de résiliation de son contrat, l’animateur du centre d’animation sportive du Palais des sports Salamatou Maïga est harcelé au quotidien par certains cadres de la DNSEP afin qu’il puisse rendre le tablier de son plein gré. Ce que Adama M. Coulibaly ne veut pas. “Après l’échec de la résiliation de mon contrat CDI, j’ai constitué un avocat et ce dernier a écrit au directeur de la direction nationale des sports et de l’éducation physique en lui disant de payer mes arriérés de salaire. S’il refuse, il sera obligé de leur donner une assignation. Mon avocat a donné huit jours et il a pris quatre semaines sans réagir. Maintenant que l’assignation est sortie, je suis harcelé de partout. Aujourd’hui, je parle parce que j’ai trop encaissé. Maintenant, j’exige d’être remis dans mes droits et en plus de cela, je demande réparation parce que je suis Malien à part entière”, exclame-t-il.
Mahamadou Traoré
Affaire Adama M. Coulibaly, animateur du centre d’animation sportive:
Un cadre de la DNSEP donne sa version des faits
Un différend oppose la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP) à Adama M. Coulibaly, animateur du centre d’animation sportif du Palais des sports Salamatou Maïga concernant 31 mois d’arriérés de salaires. En recoupant l’information auprès de la structure, un cadre de la DNSEP, sous anonymat, a accepté de nous donner sa version des faits.
elon notre interlocuteur, cadre à la direction nationale des sports et de l’éducation physique, le contrat d’Adama M. Coulibaly a été signé bien avant l’arrivée de Mossa Ag Attaher à la tête du département de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne et l’actuel directeur de la DNSEP.
“Récemment, nous avons reçu un dossier d’un avocat qui nous demande de payer 15 millions F CFA à son client comme rappel de salaires. Il se trouve que l’intéressé est au niveau de l’une de nos structures à savoir le Palais des sports Salamatou Maïga comme animateur sportif sur un salaire 719 069 F CFA par mois. Même le secrétaire général de notre département n’a pas 500 000 F CFA de salaire. En 2019, Adama M. Coulibaly et un certain Maguèye M’Bissine Sow ont trouvé un compromis devant un inspecteur du travail au niveau de l’Inspection du travail et ils ont été rappelés à 8 millions F CFA chacun grâce à l’intervention de l’ancien Premier ministre Dr. Boubou Cissé. Avec ces rappels de salaires, ils ont accepté de résilier leur contrat. Malheureusement, entre-temps, il y a eu les événements de 2018 et le travail de résiliation n’a pas pu terminer”, précise-t-il. Il confirme qu’il y a quelques semaines, Adama M. Coulibaly est passé par un avocat pour encore demander 15 millions F CFA de rappel de salaires. “Lorsque vous attaquez une administration, la première des choses à faire c’est de voir si son contrat respecte les normes. Alors, nous lui avons demandé qu’il cède le bureau qu’il occupait au niveau du Palais des sports. A mon avis, c’est cette décision qui ne lui a pas plu. Tout le monde sait que la place d’un animateur sportif est sur le terrain pas dans un bureau. Nous avons attendu qu’il dise partout que les responsables de la DNSEP sont contre lui. Nous ne sommes contre personne, nous voulons juste préserver l’intérêt du pays”, dit-il.
Il ajoute qu’ils ont reçu des instructions des plus hautes autorités du département de la Jeunesse et des Sports de résilier tous les contrats de prestataires qui n’ont pas de forme. “D’ailleurs, il est important de rappeler que la DNSEP n’est même pas habilitée à recruter des gens parce que nous n’avons de ligne pour cela. Nous ne sommes pas un service doté d’une autonomie financière. C’est des manquements qui sont arrivés et l’Etat étant une continuité, nous avons été obligés de gérer ces aspects. Aujourd’hui, tous ces contrats de prestataire sans forme sont au niveau de la DRH pour résiliation”, informe-t-il. Concernant la résiliation d’un contrat à durée indéterminée (CDI), il rappelle que dans la clause du contrat d’Adama M. Coulibaly, il y a un point qui prévoie que la DNSEP peut résilier le contrat, mais en accord avec l’intéressé. “Vous savez, il est possible de résilier un contrat à durée indéterminée CDI, mais avec des droits. Et notre DRH est sur cette logique”, conclut-il.
Mahamadou Traoré