Application ou relecture de l’Accord d’Alger : Le gouvernement de la transition déroule son compromis signé avec les groupes signataires.
Au même moment que les cris de cœur se poussent par-ci, par-là pour la révision de l’Accord d’Alger; la caravane de l’application intégrale et rapide du même texte signé en mai et juin 2015, semble être mise en branle. C’est le moins que l’on puisse dire avec l’ouverture hier matin et ce, pour deux jours, d’une réunion dite de niveau décisionnel des parties maliennes à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Ayant choisi l’hôtel Radisson pour abriter ces assises, les initiateurs que sont le gouvernement et les groupes signataires de l’Accord disent les consacrer aux discussions relatives aux aspects de Défense et de Sécurité. C’est dire que les acteurs sont déjà entrés de plains pieds dans la mise en œuvre de certains volets de l’Accord, passant ainsi sous silence le préalable du toilettage.
Sollicité à l’occasion de cette rencontre, pour se prononcer sur les voix qui s’élèvent ces derniers temps réclamant la relecture du texte, Haballa Ag Hamzatta, le porte-parole de la plateforme des mouvements du 14 juillet d’Alger, a laissé entendre qu’il est de ceux qui pensent que la révision n’est pas la solution. Il s’affiche ainsi en droite ligne avec les autorités de la transition qui entendent mettre une entente bilatérale au dessus d’une forte recommandation issue de grands rendez-vous d’envergure nationale que sont le Dialogue National Inclusif (DNI) et la Charte de la transition. Nul n’ignore en effet que ces deux concertations ont mis un accent particulier sur la révision de la mouture du protocole d’accord issu des négociations tenues à Alger sous l’égide d’une médiation internationale conduite par l’Algérie voisine. Cette recommandation n’était pas formulée au hasard mais elle reflétait plutôt l’aspiration de la majorité du peuple malien et de celle d’une bonne partie de la classe politique de notre pays.
Aujourd’hui, force est de constater que les autorités en charge de la transition en cours, ne sont pas d’avis avec l’orientation majoritaire. Prises peut-être par la durée de vie qui leur est impartie ; une durée relativement courte par rapport à la feuille de route à laquelle elles sont tenues, ces nouvelles autorités, ont choisi à tord ou à raison de faire le jeu des ex-groupes rebelles signataires de l’Accord. Ces derniers, ayant plus à gagner dans la mise en œuvre immédiate du texte en son état actuel, n’ont hésité le moins du monde possible, à parapher ce que le Col Major Ismaël Wagué, l’actuel ministre de la Réconciliation nationale, appelait le 18 décembre dernier par « la feuille de route actualisée pour la mise en œuvre de l’Accord ». Ce document, fomenté dans les bureaux du jeune officier putschiste presqu’en catimini, pour n’avoir joui d’aucun vœu ni national ni international, a certes servi de soubassement légitime à ce qui se trame aujourd’hui au Radisson Blu hôtel. Mais le seul hic préjudiciable à ce qui va découler de ces deux jours de discussions sur la Défense et la sécurité, est l’abnégation dont certaines organisations de la société civile ainsi que des mouvements politiques notamment le M5-RFP font preuve ces temps-ci pour obtenir la révision préalable du fameux accord désormais objet de discorde. Advienne ce que demain nous réserve dans ce nouveau challenge !
André SEGBEDJI/abamako.com