Andrew Gilmour à propos de la création des milices : «il y a un risque réel qu’elles poussent la sous-région dans un cycle de violences sans fin, d’attaques, de représailles et de contre-représailles »
Jeudi 24 janvier 2019, Andrew Gilmour, responsable des droits de l’homme aux Nations-Unies, a vivement félicité les pays du Sahel pour leur engagement à protéger les droits des populations civiles face au terrorisme. Il a également mis en garde contre la montée en puissance des milices à caractère ethnique. Chose qui constitue à ses yeux un danger.
À l’issue de sa visite dans le sahel, le sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme, Andrew Gilmour, n’a pas manqué à reconnaitre tout l’engagement des pays de cette région à respecter les normes internationales des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Un engagement qui constitue à leurs yeux, dit-il, un gage de réussite de la lutte contre le terrorisme. C’est dans cette mesure qu’il explique : « Nous nous félicitons de la reconnaissance exprimée par les ministres de plusieurs gouvernements rencontrés qu’il est impossible de gagner la bataille contre les terroristes sans gagner le cœur et l’esprit des populations locales. » Il poursuit en ajoutant : « La leçon que nous avons tirée des opérations antiterroristes dans le monde est que si les forces de sécurité commettent de graves violations des droits de l’homme contre des populations civiles, le résultat serait de créer davantage de terroristes».
C’est dans ce cadre qu’à Nouakchott, à Dakar, à Ouagadougou et à Niamey, M. Gilmour est allé à la rencontre des autorités nationales, des responsables des forces de sécurité et des acteurs de la société civile. À ce titre, il a assisté à une conférence ayant pour but de renforcer les liens entre sécurité, justice et développement dans les pays du Sahel, en particulier dans le cadre de la force du G5 sahel. « Il est essentiel que ces gouvernements, leurs armées nationales et les autres acteurs impliqués dans la sécurité accélèrent leurs efforts pour mettre en œuvre efficacement les mesures requises par le cadre réglementaire », a-t-il déclaré. À ses dires, de telles mesures ne peuvent pas se mettre en place sans une volonté politique forte des gouvernements de ces pays constituant la force. Outre, M. Gilmour trouve que tous les efforts seront vains sans des actions concrètes de la part des forces de sécurité voire l’appui de la communauté internationale.
Après l’exposé de ces points, le sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme n’a pas hésité d’exprimer ses inquiétudes en ce qui concerne la prolifération des milices à caractère ethnique. « Si les autorités nationales ne s’y attaquent pas de manière urgente, notamment en engageant des poursuites contre tous les crimes commis par ces milices, il y a un risque réel qu’elles poussent la sous-région dans un cycle de violences sans fin, d’attaques, de représailles et de contre-représailles », a-t-il indiqué.
Enfin, M. Gilmour s’est également prononcé sur la question des réfugiés voire des migrants africains qui se font emprisonner en Libye. Cela, après avoir écouté ceux déjà libérés afin de bénéficier de leurs expériences: « Même pour les vétérans de nombreuses crises humanitaires provoquées par des conflits, les récits qu’ils nous ont racontés – détaillant les viols et la torture quotidienne et systématique pendant leur détention en Libye – figurent parmi les plus choquants que nous n’ayons jamais entendus ».
Fousseni TOGOLA