Analyse de la situation sécuritaire dans les régions du nord, de 2013 à nos jours
Meguetan Infos
La sécurité au Mali, la paix, le développement cachent-ils des ambitions inavouées pour leurs défenseurs de quelque bord qu’ils se trouvent ?
De 2012 à nos jours, les populations des régions du nord du Mali vivent dans l’insécurité ou même dans les violences interminables. Un terrorisme menaçant à cause de la succession des rébellions armées que traverse le pays.
Le Mali, jusqu’en 2021, était impuissant et perdait chaque jour davantage de l’autorité sur des parties de son territoire.
Autrefois pays de paix, de concorde et de quiétude, le pays perdait « la volonté de vivre ensemble ».
Cette guerre interminable a-t-elle une vision d’ordre politique ou économique ?
Les causes liées à l’insécurité ou les violences au Mali :
Les causes sont multiples mais elles sont surtout d’ordre économique, social et culturel.
Le nord du Mali a connu un arrêt et un blocage de toute tentative de restaurer l’autorité de l’Etat, empêchant ainsi l’avancée ou le début de l’installation des structures de bases indispensables à tout développement. Seul l’Etat est présent dans les centres urbains du nord sous le règne de nos ex-dirigeants. Cette défaillance peut être la cause de cette révolte ou rébellion de certains de nos frères maliens au nord du Mali.
Cette situation d’insécurité et de violence dans ces zones est due à la mal gouvernance, l’absence de justice, l’absence totale de l’Etat et l’analphabétisme. Il faut ajouter à tout cela l’impunité, la pauvreté, les inégalités sociales, l’effritement des valeurs sociétales qui font le ciment de notre société. Le chômage et l’exode rural en résultent. C’est une défaillance qui révolte. Une plaie non soignée devient le nid des microbes. Certains se sont servis de cette situation afin de satisfaire leur objectif. Les forces qui sont au nord y sont pour nos immenses ressources minières dont regorge notre sous-sol. La France, ancienne puissance colonisatrice, a failli par son incapacité à bouter ces djihadistes hors du Mali durant neuf (09) ans.
La lutte contre le terrorisme au nord du Mali.
De 2013 à 2021, le Mali a souffert de cette situation. La famine, la mortalité infantile, l’exode rural sont, entre autres, des conséquences de cet état de fait. Certaines localités (ville de Kidal) de notre pays étaient interdites à l’armée et à l’administration malienne.
Il s’est avéré que l’’objectif de la France et de ses forces n’est pas de ramener la paix, mais de garder une situation délétère permanente qui leur permet d’être présentes sur le long terme.
En fait, cette guerre est un business. Si la France voulait faire taire ce terrorisme, elle le pouvait bien avec l’armada dont elle dispose avec ses partenaires. Il est important de noter que :
les moyens injectés dans la MINUSMA et barkhane soient mis à la disposition des forces nationales, elles seront en mesure de combattre les terroristes ;
les vendeurs d’armes arrêtent de vendre les armes aux terroristes, ils n’auront plus qui tuer ;
les pays frontaliers du Mali (Algérie, Mauritanie, Burkina Faso, Niger…) ne servent plus de refuge aux terroristes.
L’objectif de ces forces, c’est de ramener la paix au nord du Mali, tout cela était une manière pour la France de mener à bien sa politique de spoliation des ressources minières en prétextant cette rébellion. Avec toutes ses forces au nord pour la même cause, elle n’a pas pu vaincre une poignée d’hommes afin de rétablir la sécurité au Mali. Cette trop longue période d’insécurité a eu un impact néfaste sur le système éducatif du Mali. Elle a rendu l’accès difficile des écoles dans les régions du nord. Les écoles ont, en plusieurs endroits, été fermées et l’enseignement du français interdit.
Cette insécurité va crescendo et annihile les efforts de toutes les structures et politiques existantes.
Les parents d’élèves ont faim, ils sont dépourvus de leurs biens par les bandits armés. Cette violence menace la survie des enfants, détruit les équipements scolaires et l’environnement d’apprentissage. La gestion des enseignants devient difficile dans ces régions, l’école étant le lieu d’acquisition des connaissances formelles, des savoirs et des savoir-faire. Ces enfants qui n’ont pas eu une éducation fiable, retombent toujours dans la rébellion ou le terrorisme.
Le Mali comptait sur la France et les autres forces internationales pour reconquérir l’intégralité de son territoire et de sa souveraineté. Celles-ci se comportaient en forces d’interposition et jouaient aux pyromanes-pompiers. La France doit jouer franc jeu en négociant avec le gouvernement malien.
La France doit changer de politique
Aujourd’hui, c’est le peuple malien et non les Colonels, qui désire le changement et exige la révision des accords avec la France, ainsi que les conditions d’intervention des partenaires.
Avec le nouveau partenaire tant décrié par la France et l’Occident, à savoir la Russie, les résultats sont remarquables en moins d’un trimestre, contrairement à la France et alliés en près de dix ans.
Un début de sérénité est perceptible dans le septentrion malien aujourd’hui.
Ce qui est paradoxal, c’est que, pendant que la France s’évertue à ramener ses amis européens, elle joue des mains et pieds pour écarter la Russie, désireuse d’apporter sa pierre. Ce qui est difficile à comprendre quand son désir est réellement de bouter les « djihadistes » qui sèment la terreur et déstabilisent l’Etat.
Elle doit instaurer un véritable climat de dialogue avec toutes les composantes de la nation malienne en écoutant leurs préoccupations à travers le gouvernement en place.
Ce n’est pas à elle d’évaluer la légitimité des autorités maliennes pendant qu’elle continue à adouber les autres auteurs de coups d’Etat à travers le monde. Aujourd’hui, les maliens comptent sur cette Transition pour une refondation du Mali.
Pourquoi dilapider le capital de sympathie dont la France bénéficiait en 2013 ?
Ce comportement paternaliste, voire condescendant, n’est plus accepté par le Mali et ses autorités de nos jours.
En dépit de toutes ces divergences, il existe un énorme engouement des maliens pour la langue et la culture françaises. Pour preuve, l’affluence de la jeunesse estudiantine à Campus France pour des formations en France.
La France doit changer sa politique dans cette situation avec tous les pays de la sous-région sahélo-saharienne pour ne pas perdre pied et faire place à la concurrence grandissante de nouvelles puissances qui convoitent les richesses minières africaines. Ce n’est plus l’Afrique des années 60. Nous avons des niveaux d’éveil et de connaissance remarquables. La période coloniale est révolue. Les nôtres sont allés dans les plus grandes écoles d’Occident.
La situation sécuritaire
La paix et la stabilité ne seront une réalité au Mali que quand les terroristes seront anéantis.
Il y a des approches timides néanmoins. Des fois, nous nous demandons si la réconciliation a du plomb dans l’aile. Nous pensons quand même que le tissu social est en train de se recoudre ou a tendance à se consolider et que la fracture n’est plus béante qu’autrefois. Mais, le contexte sociopolitique tendu avec cette fermeture de nos frontières et d’autres sanctions de la CEDEAO, n’arrange pas la situation. De nouvelles controverses sont apparues depuis les recommandations des assises nationales. Nous assistons à l’exacerbation de la tension diplomatique entre le Mali et la France d’une part et d’autre part entre le Mali et la CEDEAO.
Solution :
La solution à toute crise est d’abord politique. C’est d’abord, tendre la main aux opposants, chose qui a été faite par la Transition. Ils ont commencé à instaurer un climat de transparence et de lutte absolue contre la corruption, la fraude, le népotisme, etc.
L’objectif de la Transition c’est d’instaurer la sécurité dans le pays. Ce qui va lui permettre de diminuer les violences, le chômage et la pauvreté. L’Etat présent dans toutes les régions du Mali est gage de justice fiable et préservera un lien social solide. La Transition souhaite redonner au Mali son lustre d’antan.
Par ailleurs, la Transition doit proposer un mandat accepté par ses partenaires. Elle doit faciliter les négociations en proposant une période transitoire raisonnable de commun accord avec ses partenaires. Elle doit aussi faciliter la négociation avec la CEDEAO afin qu’ils s’entendent sur une durée raisonnable pour organiser des élections fiables et acceptées de tous. Les maliens attendent des institutions fortes et fiables.
Conclusion :
Il faut accompagner la Transition, quel que soit le bord politique ou le rang social qu’on occupe. C’est-à-dire une union sacrée. Ce n’est plus l’affaire de la seule Transition, mais de tous les Maliens. Le bateau Mali n’a pas besoin de querelles partisanes si on veut qu’il ne chavire pas. En chavirant, c’est tout le Mali qui va se noyer.
Il appartient à nous tous et surtout à la jeune génération de savoir donner un sens à la vie.
Le gouvernement actuel doit être à l’écoute de son peuple, instaurer un véritable climat de dialogue avec toutes les composantes de la nation. Il doit aller à la rencontre de son peuple. Il doit se défaire de tous les cadres véreux et assainir son entourage de manière que le Malien lambda ait toujours le sentiment de voir le développement de son pays. Les avis et conseils des partenaires peuvent être pris en compte sans être déterminants ou obligatoires.
Ce sont le Mali et les Maliens qui décident en dernier ressort.
Goundoba Sissoko doctorante IPU
Le Challenger