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An 2023 : Ce que les Maliens attendent de la transition

Selon plusieurs personnes, l’année 2022 aura été une des plus dures que le Mali ait connues. Cela s’explique par la cherté de la vie mais aussi par les différentes sanctions qui ont affaibli l’économie mais surtout par la guerre contre le djihadisme. Comme on le dit, nouvelle année, nouvelle page. Les attentes des Maliens sont multiples en cette circonstance. Du retour à la paix au retour à l’ordre constitutionnel, chacun y va de son goût. Les attentes sont multiples et chacun espère des améliorations majeures dans le fonctionnement de l’Etat et des relations avec les partenaires.

Dans cette dynamique, notre rédaction a tendu son micro aux concitoyens pour connaître leurs attentes en cette année.

Cheickné Coulibaly, employé de commerce : « la situation économique et sécuritaire de notre pays est la plus grande préoccupation. Durant l’an dernier, j’ai connu trop de difficultés. Mes marchandises restaient en stock pendant des mois car les gens n’ont pas l’argent pour faire des achats. L’essentiel de mes articles se compose des produits cosmétiques et les femmes sont mes principales clientes. Cette cherté de la vie a affecté tout le monde au point où on avait l’impression que tout était arrêté. Pour cette nouvelle année, j’espère de tout cœur que nos autorités trouvent des voies et moyens pour atténuer nos souffrances. Il s’agit notamment de revoir les prix des denrées de première nécessité, ensuite trouver une solution pour une meilleure circulation de l’argent et enfin renouer avec les voisins. Si la tension persiste, nous aurons beaucoup de mal à nous approvisionner en marchandises chez nos différents fournisseurs ivoiriens. En effet, 80% de mes articles proviennent de la Société parfumerie nouvelle Gandour de la Côte d’Ivoire. Vivement que cette année soit meilleure à la précédente.

Maïmouna Dembélé, Agent Orange money : « Honnêtement je souhaite que pour cette nouvelle année, le gouvernement mise beaucoup plus sur l’emploi de la jeunesse. On peut aisément remarquer que la plupart des recrutements se font exclusivement au niveau de l’armée et pas dans les autres secteurs. Le taux de chômage au niveau de la jeunesse est assez élevé c’est ce qui m’a poussé à opter pour ce travail. J’ai plusieurs fois tenté le concours pour la fonction publique sans succès. Les nombres des postes à pourvoir sont minimes et cela constitue un énorme blocage pour nous les jeunes. Pour y faire face, j’estime que nos gouvernants doivent trouver une solution définitive pour l’âge de départ à la retraite des anciens afin de faire de la place à nous autres. Plusieurs personnes comme moi sont dans la même situation et avec la venue du Mali Koura, nos espérances sont basées sur les autorités ».

Souleymane Dembélé, Entrepreneur : Aller vers une autonomisation et la vraie Indépendance « Avec tout ce qui arrivé, on a vu que notre pays dépendait énormément des décisions de l’occident. Maintenant que nous avons pris notre destin en main depuis quelque temps, nous devons continuer dans ce même sens sans nous retourner. Nouvelle année, nouvelle page et nouvelle perspective. J’exhorte cependant nos autorités à beaucoup miser sur notre autonomisation. Nous sommes trop dépendants des autres en matière de ressources alors nous devons tout mettre en place pour freiner ce système. Cela sous-entend la création des usines, l’amélioration de la zone office du Niger et l’accroissement de nos différents cheptels d’élevage. On doit tout mettre en œuvre pour consommer les produits locaux c’est-à-dire le made in Mali. Cela favorisera notre économie et constituera une avancée majeure pour notre pays ».

Mama Namakiry : Technicien à la retraite : « Miser sur la réconciliation et le vivre ensemble, cela doit être notre objectif majeur cette année. Sans cela il sera très difficile de ramener la paix dans notre pays. Pour que nous sortions de cette crise multidimensionnelle, nous devons rassembler tous les maliens autour de la table et prôner le vivre ensemble. C’est la seule solution pour espérer une paix durable. Le président de la Transition à travers le ministère de la réconciliation nationale doit prêcher cette idéologie à tous. Que tu sois du nord, du sud, du centre où de l’est, nous sommes tous les enfants du Mali et rien ne pourra changer cela. Par ailleurs, il faudra trouver une solution pour mieux sécuriser nos frontières des pénétrations extérieures car le danger vient aussi de là ».

Bougary Kiabou : Juriste ‘’Désarmement obligatoire des milices’’

« Pour le salut de notre patrie, on doit imposer le désarmement obligatoire de toutes les milices qui ont envahi le Mali. Surtout au centre, on voit que les milices dogons agissent en toute impunité et rendent le travail de nos forces de défense et de sécurité très difficile. C’est vrai, elles pensent agir pour l’intérêt de la nation mais leurs faits constituent des dangers réels pour la stabilité et la sécurité du pays. Aussi, on doit continuer sur la même lancée entamée au cours de l’an dernier en agissant avec beaucoup de tacts dans nos relations extérieures. On doit mettre en place une nouvelle base de collaboration avec les voisins et surtout avec l’occident. On a montré au monde entier qu’on est capable d’avancer seule sans l’aide d’une quelconque armée dans la reconquête du territoire.

Ousmane Diaby : Censeur ‘’Lutter contre la corruption et opter pour la transparence’’

« Depuis longtemps, la lutte contre la corruption a été lancée dans notre pays mais le constat est toujours amer. Aucun changement concret n’est observé. Notre pays doit nécessairement aller dans la lutte contre ce fléau qui gangrène notre pays. Il faut reconnaître que les manœuvres frauduleuses font perdre des milliards à notre pays et on ne doit pas permettre que quelques individus s’accaparent de notre argent pour les dilapider dans d’autres pays. D’un autre côté, les autorités doivent jouer la carte de la transparence. Nous assistons impuissamment aux dépenses colossales et aucune justification n’est donnée. Dans la mesure où ces sommes proviennent de la caisse de l’Etat, les citoyens doivent au moins être édifiés sur leur utilisation. Par exemple, on a tous été contents lorsque le gouvernement a acheté des aéronefs pour la défense de la patrie mais ce qui était bizarre, ils ont passé sous silence les montants utilisés sous prétexte qu’il s’agissait de secret défense.

Alhassane Barry : Fonctionnaire d’Etat ‘’Des institutions transparentes ’’

« Pour ma part, je mets l’accent sur la justice et la clarté des différentes institutions. On se rappelle tous que c’est les résultats des dernières élections législatives qui ont mis le feu aux poudres, ce qui a provoqué la chute de l’ancien régime. Alors on doit aller sur la voie de la transparence et de la légalité. Tout doit être mis en œuvre pour que les vrais coupables soient mis sous les verrous et les innocents libérés. Les conséquences d’une injustice sont fatidiques pour une nation. Dans les différentes institutions, on doit mettre en place des moyens et des personnes de bonne volonté et qui sont compétentes pour travailler en toute transparence. Nous nous acheminons vers la fin de la transition et les élections commencent déjà à se pointer à l’horizon, alors on ne doit plus faire les mêmes erreurs du passé. Les tripatouillages électoraux et les bourrages d’urnes doivent cesser. Les autorités de la transition doivent mettre l’accent sur ces différents facteurs pour un Mali nouveau. Par ailleurs, j’aurai aimé qu’en cette nouvelle année, le président gracie les prisonniers qui purgent des peines pour des délits mineurs afin de désengorger les prisons. Tout cela doit être pris en compte quand on veut bâtir une meilleure nation ».

Assanatou Diallo : Secrétaire de Direction ‘’Travailler avec les organisations internationales et les ONG, défendre les droits humains’’

« Il y a eu trop de remous concernant cette histoire de violation des droits de l’homme. Plusieurs rapports ont démontré que des centaines de personnes ont été tuées dans le centre du pays et ensuite ces accusations ont été démenties par les autorités. Ce qui est certain, je suis prête à parier que des gens se font tuer en toute impunité alors nos gouvernants doivent intervenir pour y mettre fin. Des commissions doivent être mises en place pour faire la lumière sur ces exactions et dédommager les parents des victimes. Trop de sang a coulé et il est temps d’y mettre un terme. On espère de tout cœur que cette année ne connaîtra pas de massacre comme on l’a vu par le passé. Cela passe nécessairement par le désarmement des groupes armées et la sécurisation accrue des populations et de leurs biens ».

Propos rassemblés par Ahmadou Sékou Kanta

L’Observatoire

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