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Allemagne: quel successeur pour Annegret Kramp-Karrenbauer à tête de la CDU?

Annegret Kramp-Karrenbauer, dirigeante sortante de l’Union chrétienne-démocrate allemande (CDU), lors d’une conférence de presse au siège du parti à Berlin, le 10 février 2020. REUTERS/Hannibal Hanschke
Texte par :
RFI
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Angela Merkel n’aura donc pas réussi à préparer elle-même sa succession de manière ordonnée. Avec Annegret Kramp-Karrenbauer qui a jeté l’éponge lundi matin s’annonce aussi le retour des hommes à la tête de la droite allemande. Aucun des prétendants possibles n’a encore dévoilé ses intentions, mais des noms circulent.

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Friedrich Merz, tenant d’un coup de barre à droite pour récupérer des électeurs partis pour l’AfD, se tient prêt : cet avocat a démissionné la semaine dernière de son emploi très controversé pour un fonds d’investissement.

Autre candidat qui fragiliserait encore davantage la chancelière : Jens Spahn, très critique dès 2015 de sa politique d’accueil des réfugiés. Très dynamique aussi au gouvernement, avec la crise du coronavirus le ministre de la Santé multiplie les apparitions dans les médias et les déplacements internationaux. Pour les observateurs, son jeune âge, – il a 39 ans – et son homosexualité assumée pourraient lui coûter des voix dans un parti qui reste très conservateur sur les questions de société.

Face à eux, Armin Laschet, baron de la CDU, dirigeant d’une très grande région allemande et de la plus importante fédération du parti. Un proche d’Angela Merkel, très actif contre la criminalité, acceptable pour les plus conservateurs.

Enfin, Markus Söder est cité, lui, comme candidat à la chancellerie uniquement. Dirigeant de la CSU, parti allié de la CDU, bavarois défenseur des valeurs traditionnelles chrétiennes, il tente de recentrer son image. Contre une alliance avec l’extrême droite il se pose désormais à 53 ans en défenseur de l’environnement.

La démission d’AKK à la Une de la presse en Allemagne

revue de presse de notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

« La CDU est en ruines, des questions centrales ne sont pas réglées, la direction est affaiblie, les différents courants se querellent » estime le quotidien conservateur Die Welt. La presse souligne le manque d’autorité d’AKK, ses faux pas mais aussi la difficulté de la tâche, « poursuivre le cours libéral de Merkel tout en incarnant des positions plus conservatrices » comme résume le quotidien Tageszeitung qui parle de la crise la plus grave du parti depuis les affaires de caisses noires d’Helmut Kohl, il y a vingt ans.

« AKK est toujours restée une présidente de façade de la CDU, une reine sans terres dans l’ombre d’Angela Merkel dont elle a été la dernière victime » selon Münchner Merkur.

L’autorité d’AKK a été encore plus égratignée après son incapacité la semaine dernière de s’imposer auprès de la fédération de Thuringe de la CDU qui a permis grâce aux voix de l’extrême-droite l’élection d’un nouveau patron de région. Le magazine Die Zeit parle de « L’aveuglement de la direction du parti pour ce qui se passe à l’Est ».

« Le crépuscule de la chancelière » titre le quotidien populaire Bild Zeitung. Comme le quotidien populaire, beaucoup de journaux estiment que l’échec d’AKK est aussi celui d’Angela Merkel. « La pression sur la chancelière va se faire plus forte et il n’est pas exclu qu’elle ne puisse pas se maintenir jusqu’à l’automne 2021» estime le magazine Der Spiegel. « La conséquence de l’échec de Kramp-Karrenbauer serait donc le départ de la chancelière » souligne le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine « mais le parti manque pour cela de courage ».

► À lire aussi : Allemagne: Annegret Kramp-Karrenbauer, dauphine de Merkel, se retire

► À écouter aussi : l’analyse de Johann Chapoutot

Pour ce qui est de la CDU au niveau fédéral, il va falloir élire une nouvelle ou un nouveau chef de parti et également trancher une ligne politique qui pour l’instant n’était pas très claire puisque ce sont les consignes désastreuses de la direction fédérale de la CDU qui ont conduit la CDU de Thuringe à une politique encore plus désastreuse.

Johann Chapoutot, maître de conférences à Grenoble et membre de l’Institut universitaire de France (IUF)

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