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Affaire Radio M : Saltimbanques et guerre de quatrième génération

Les autorités algériennes ont récemment perquisitionné, puis fermé, Radio M soupçonnée de collusion avec l’ennemi, c’est-à-dire une puissance étrangère hostile. Cela met en lumière la réalité que des médias dans un pays donné se prêtent souvent au jeu trouble des décideurs d’ailleurs, qui ne visent que leurs intérêts sordides et, ce faisant, procèdent par propagandes et désinformations des pays ciblés pour les déstabiliser. Le monde occidental est particulièrement engagé dans ces complots, lui qui se posent pourtant à longueur de temps en donneur de leçons. Le célèbre journaliste algérien, Ahmed Ben Saada, a réagi le jeudi, 05 janvier 2023, réaction qui éclaire bien de pratiques apatrides dans des landernaux médiatiques. Nous la livrons à nos lecteurs.

La mise sous scellés de Radio M et l’arrestation de son directeur a provoqué la sortie de tous les saltimbanques du Hirak frelaté! On les croyait disparus, avachis dans un lointain recoin du cyberespace ou ayant finalement décidé de faire quelque chose d’intéressant pour eux-mêmes, pour leur pays, voire pour l’humanité (pourquoi ne pas rêver en ce début d’année?). Mais non, ils se sont réveillés d’un sommeil médiatique abyssal. Ils sont sortis accompagnés d’un tintamarre assourdissant de slogans aussi creux que des calebasses en plastique et d’un charivari d’arguments aussi vides que fallacieux. « Glou, Glou, Glou », comme disait si bien un de mes professeurs de collège.On a eu droit à des journaleux au verbiage filandreux dont l’épaisseur des idées relève de la nanotechnologie, des « droitdelhommistes » aussi ridicules que des épouvantails sur une terre aride et, surtout, des « liberté-d’expressionnistes » aussi faux que les dents blanches d’une poupée de cire. Évidemment, je n’ai pas été épargné par les attaques nauséabondes. Mais, venant de ces saltimbanques à l’argumentation très primaire, cela m’aurait fait sourire si la situation n’avait pas été si grave. Comment se fait-il qu’après 60 ans d’indépendance, l’Algérie ne possède pas une classe journalistique de qualité, capable de débattre avec sérénité et respect de sujets sérieux? Comment se fait-il que l’école algérienne ait produit une tribu médiatique consanguine essentiellement concentrée à Alger? Une tribu foncièrement inféodée aux intérêts étrangers qui se regarde le nombril à longueur de journée et qui, lorsqu’il lui arrive de relever la tronche, balaie du revers de la main tout ce qui dérange leur misérable business.

Les soutiens de Radio M

Manifestement, cette tribu collaboratrice bénéficie d’une puissante protection étrangère, celle que l’on doit bien sûr à ses affidés lorsqu’ils sont pris la main dans le sac. Il faut comprendre que ces mésaventures politico-judiciaires sont, d’autre part, une aubaine pour les professionnels de la guerre de quatrième génération (G4G). Cette technique propre à la guerre médiatique contre un pays ciblé permet de diaboliser une institution, un gouvernement ou un pays en brandissant à bout de bras les étendards « fake » des droits de l’homme, de la liberté d’expression, voire de la liberté tout court. Une porte d’entrée pour d’autres accusations allant de la dictature à la tyrannie en passant par le népotisme. Mais cela n’est pas suffisant. La diabolisation de l’ennemi doit nécessairement s’accompagner de la sanctification du protégé en jouant sur la corde du pathos tout en dissimulant ou minimisant celle du logos. En effet, quoi de plus pathétique que l’emprisonnement d’un honnête et intègre journaliste ou la fermeture d’un média professionnel respectant les règles de la déontologie du métier? Sans oublier de mettre l’accent sur ces familles privées de revenus à cause de cette situation. La défense de « la veuve et l’orphelin » avec un zeste de trémolo, quoi de plus pathétique? Ça arracherait des larmes à une statue, n’est-ce pas? Mais, attention : pas un mot sur les causes objectives qui ont mené à cette arrestation-fermeture, ni aux faits et documents qui prouvent les pratiques délictueuses interdites par la loi. Qu’on se le dise une fois pour toute : bien que je sois personnellement, et par principe, contre l’emprisonnement des journalistes dans l’exercice de leur fonction, Radio M aurait dû être fermée en 2014 (et non en 2022!), date de son financement par Canal France International (CFI), un organisme français financé par le Quai d’Orsay.

Organigramme du financement de Radio M

Bannière de CFI

Comme on peut le voir dans l’organigramme ci-dessus, CFI est aussi relié aux médias étatiques français. Pour plus de détails et pour consulter les références, le lecteur est invité à lire mon article détaillé sur le sujet. Dans sa mission de financement douteux des médias dans des pays ciblés, CFI collabore directement ou avec des organisations ayant de solides relations avec des organismes américains, experts dans l’« exportation » de la démocratie « made in USA » : USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), NED (National Endowment for Democracy), NDI (National Democratic Institute) et Open society de G. Soros.

Les partenaires de CFI

Lors de la divulgation des projets retenus par CFI en juillet 2014, les participants (dont Radio M) ont bénéficié d’une formation assurée par BBC Media Action. BBC Media Action a été fondé en 1999 par la BBC. Il s’agit d’un organisme analogue au CFI qui est, lui aussi, financé par le ministère des Affaires étrangères britannique (Foreign an Commonwealth Office) et, comme par hasard, par l’USAID (entre autres). En résumé, les entités qui gravitent autour du programme de financement de Radio M sont, en majorité, françaises, étasuniennes ou britanniques. Après ce tour d’horizon, on peut donc aisément prédire la liste de celles qui sont susceptibles de défendre l’existence et la pérennité de ce média « barbouze ».

En voici quelques exemples :

Média / Organisation​Titre Hyperlien​Date

RFI​Algérie : 2022, une « année noire » pour le journalisme​31/12/2022

France 24 : La détention d’Ihsane el-Kadi, un nouveau coup dur pour la liberté de la presse en Algérie 29/12/2022

Monte-Carlo Doualiya

Le National

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