Abdou Salam Ag Jiddou, le footballeur Touareg
Paris Match
Le jeune footballeur touareg pourrait devenir le symbole de l’unité du Mali. Au dos de son maillot, son prénom, Salam : «Paix» en Arabe.
Il ne fait pas que marquer, il rassemble
Dans un pays en proie à la violence, ses paroles sonnent comme un espoir de réconciliation : « Pour être un bon footballeur, il faut avoir l’esprit d’équipe. Pour avoir des opportunités, il faut être soi-même une opportunité. Faire une passe décisive si son coéquipier est mieux placé et a plus de chance de marquer est plus important que d’essayer de marquer le but soi-même. » Les messages du sportif appellent à l’entente entre tous les Maliens. « Je suis le premier et le seul Targui à porter jusque-là les couleurs de l’équipe nationale du Mali. C’est une fierté pour moi de défendre le drapeau de mon pays et de le hisser très haut. Ce que je demande à mes frères touareg, c’est de croire en leur potentiel. Il ne faut pas juste rêver, il faut croire en soi-même et travailler dur pour y parvenir. Et j’espère qu’il y aura certainement d’autres jeunes talents touareg qui vont intégrer les différentes sélections du Mali, pas seulement dans le football. » Abdou Salam Ag Jiddou fait mieux que l’Onu, paraît-il.
Bien plus efficace qu’un traité de paix, il montre ce qu’être malien signifie. Car un Targui, fi er de son identité, est aussi un Malien. « Ce garçon suscite notre admiration à tous. Il est non seulement un modèle pour notre communauté, mais également la preuve que, au Mali, différentes cultures peuvent cohabiter en harmonie. Nous, Maliens, sommes tous derrière lui et fiers de l’être », explique Khadija Walet, étudiante targuie. Sur son maillot, le jeune milieu de terrain a inscrit son prénom, Salam comme la « paix »… qu’il souffle via le ballon rond. Et il ne fait pas que marquer, il rassemble. Sory I. Konaté, journaliste sportif, ne s’y trompe pas : « Peut-être que, grâce à ce jeune, les politiques sauront mettre de l’eau dans leur vin et ouvriront enfi n les yeux sur le fait que nous avons un destin commun. » Dans ce match pour la nation, guère de perdants en effet, mais une victoire partagée.