Abdallah Yattara dévoile des failles dans la procédure contre son frère Daouda Yattara : “Le Commissaire Mamadou Youba Diarra est toujours sous mandat dépôt, il n’a qualité de conduire une enquête”
Meguetan Infos
Abdallah Yattara, le grand frère de Daouda Yattara (féticheur de renom interpellé et incarcéré pour plusieurs chefs d’accusation) était le mercredi dernier face à la presse dans son bureau à Lafiabougou. Objectif : dénoncer les manquements observés par le commissariat du 1er arrondissement de Kati lors de l’interpellation de son frère et remettre en cause la crédibilité du commissaire principal Mamadou Youba Diarra à conduire l’enquête.
Pour le grand-frère du féticheur Daouda Yattara, Abdallah Yattara, le commissaire principal Mamadou Youba Diarra, en service au 1er arrondissement du commissariat de Kati, n’a pas qualité de conduire l’enquête contre son frère pour la simple raison qu’il est toujours sous mandat de dépôt pour tentative de déstabilisation du régime de l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéïta. “Il avait été interpellé pour tentative de déstabilisation des institutions de la République en compagnie de 8 militaires et est sorti de prison à la faveur du coup d’Etat du mois d’août dernier. Aucun juge n’a levé son mandat de dépôt. Il n’est pas aussi en liberté provisoire. Est-ce qu’un tel agent, soit-il assermenté, peut-il mener des enquêtes étant lui-même frappé d’un mandat de dépôt ?” S’interroge le frère de M. Yattara, tout invitant les autorités à reprendre cette enquête.
Le conférencier s’est plaint de la forme de l’interpellation de son frère : sans convocation ni mandat d’amener ou mandat d’arrêt, encore moins un mandat de perquisition pour la simple raison que sa maison a été fouillée de fond en comble.
S’agissant des chefs d’accusation retenus contre son frère, Abdallah Yattara de poursuivre que le commissaire Mamadou Youba Diarra est passé à côté de la plaque et n’a pas été suivi par les magistrats. “Le commissaire Diarra a affirmé dans plusieurs organes de presse que Daouda Yattara a été interpellé pour trafic de sang humain, d’organes, mais ces chefs d’accusation ne figurent nulle part sur son dossier au tribunal de Kati. Il a été interpellé pour quatre chefs d’accusation : assassinat, tentative d’assassinat, détention illégale d’arme et coups et blessures volontaires”, a révélé l’intéressé. Or c’est le même commissaire qui a affirmé que mon frère utilisait ses trois jeunes pour lui apporter du sang et des organes.
“Si le mobile de l’interpellation tombe, ce qui veut dire que c’est toute la procédure qui doit tomber” a ajouté M. Yattara.
Autres manquement professionnels du commissaire révélés par le conférencier, c’est le fait pour l’officier de policier d’enlever le véhicule de son frère en l’absence d’un huissier de justice. “C’est le commissaire lui-même qui a conduit le véhicule de Daouda Yattara jusqu’au commissariat de Kati, sans la présence d’huissier or il se trouve que mon frère avait des affaires personnelles importantes dans sa voiture, notamment de l’argent et aussi des bijoux en or”, a souligné Abdallah Yattara. Il a aussi regretté le fait que son frère n’ait pas bénéficié de la présomption d’innocence, un droit fondamental. “C’est étant dans la cour du commissariat que nous avons vu ses images sur les médias, soit disant qu’il est accusé d’assassinat. Le commissariat n’a pas pris le soin de cacher son visage, une faute grave que le commissaire a reconnu avant de faire pire encore”, a souligné l’intéressé.
Mêlé ni de près ou loin à cette affaire
En tout cas, le conférencier est formel : “Mon jeune frère n’est ni de loin ni de près mêlé à cette affaire. D’ailleurs sur les trois personnes interpellées, il n’en connait qu’une seule, le nommé Koman qui s’est rendu chez lui pour ses affaires personnelles afin qu’il puisse avoir du travail”. Selon Abdallah Yattara, si son frère Daouda avait quelque chose à se reprocher dans ce dossier, il n’allait pas être aussi serein. “La première personne interpellée dans cette histoire, cela s’est passé le 23 février et Daouda Yattara l’a été jusqu’au 8 mars. Si réellement il faisait partie d’un réseau, aussitôt après les première arrestations tous les autres membres allaient fondre dans la nature” a-t-il ajouté. Abdallah Yattara a été clair en affirmant que son jeune frère a été cité dans ce dossier par un jeune du nom de Koman sous le coup de la contrainte. “C’est le père de Koman qui l’a amené au commissariat pour le mettre à l’abri des représailles de son frère qui le menaçait de se venger de lui après une dispute. Une fois à la police, les limiers ont commencé à fouiller son téléphone et sont tombés sur le nom de Daouda Yattara. Ils ont aussitôt fait le lien avec les histoires et les tentatives d’assassinat”, a révélé Abdallah Yattara. Pour lui, à l’image de Daouda Yattara, beaucoup d’autres sont incarcérés dans cette affaire sans savoir les raisons exactes de leur interpellation, comme un jeune étudiant à l’Université en classe de deuxième année et un jeune de 16 ans qui était dans son village. “Leur seul crime a été d’appeler Koman sur son portable. Et ce dernier a dit à qui veut l’entendre et a même affirmé au Procureur qu’il a menti sur Daouda Yattara sous le coup de la torture” renchérit Abdallah.
Pas de tentative de corruption
Yattara a aussi profité de cette rencontre pour balayer d’un revers de la main les accusations selon lesquelles lui et son frère ont tenté de corrompre le commissaire Diarra avec 20 millions Fcfa pour épargner Daouda dans le dossier. “C’est un mensonge grotesque, comme il a dit qu’il a la preuve de ces accusations, je le mets au défi de mettre cette preuve à la portée de l’opinion nationale et internationale”, a conclu le conférencier qui n’entend point baisser les bras et dit faire confiance à la justice de son pays pour la manifestation de la vérité.
Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui-Mali