Assemblée générale de l’ONU : Dr Choguel Kokala Maïga tient un langage de vérité à New York
Meguetan Infos

Pour l’une des rares fois, le chef du gouvernement de la transition, Dr Choguel Kokala Mâiga, n’est pas allé faire du tourisme lors de la 76ème Assemblée générale de l’organisation des Nations Unies à New York. Il a tenu un discours de vérité et à la dimension de l’ampleur de la crise multidimensionnelle qui prévaut au Mali depuis 2012.
maliweb.net – Sans langue de bois, l’ex-président du M5-RFP, devenu chef du gouvernement à la faveur du coup d’Etat du 24 mai 2021, a porté haut sur la tribune des Nations-Unies les aspirations de la majorité écrasante des maliens. De mars 2012 jusqu’à ce 25 septembre 2021 où le Premier ministre s’est adressé au monde entier, le Mali, assisté dans son sol par plusieurs forces étrangères, notamment la mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINUSMA, et des forces internationales : l’Opération française Barkhane, la Force européenne TAKUBA et la Force conjointe du G5 Sahel, continue à souffrir le martyr face à l’occupation des groupes armés terroristes. « La situation continue progressivement de se détériorer, au point que des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du Gouvernement. Mes concitoyens vivent sous l’emprise des Groupes armés terroristes dans le déni de leurs droits les plus élémentaires. Leur accès aux services de base demeure hypothétiqué en raison de la faible présence des services de l’Etat, consécutive à l’insécurité grandissante », a déclaré le premier ministre.
Habillé pour la circonstance en boubou reflétant la tradition malienne, le chef du gouvernement a décrit dans un verbe civilisé la triste réalité qui sévit au Mali en invitant les autorités onusiennes à changer de paradigme dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. « Je fais ce rappel pour vous restituer l’exacte situation de calvaire qu’endurent les populations maliennes. Je le fais aussi pour nous convier, tous ensemble, à l’introspection, afin de changer de paradigme en matière de sécurité au Sahel », souligne Choguel Maïga. L’ex-président du M5-RFP, qui a écrit un roman sur les origines de la crise au nord du Mali, de poursuivre en déplorant dans un langage diplomatique le refus des Nations-Unies à appliquer la résolution 2164 du 25 juin 2014. Laquelle, selon lui, autorisait dans un paragraphe 12 « la MINUSMA à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses zones de déploiement ».
Huit ans après le déploiement de la MINUSMA, Choguel Kakala Maîga estime que les résolutions de 2100 (2013) et 2164 (2014) sont d’une évidente et d’une brûlante actualité. Pour cause, les populations maliennes demeurent toujours exaspérées devant « les tueries de masse, les villages rasés de la carte et d’innocents civils fauchés, dont des femmes et des nourrissons souvent brûlés vifs ». De quoi insiste le Premier ministre de la transition à se mettre au même niveau que le bas peuple qui ne voile plus pour dire que la mission assignée à la MINUSMA a changé en cours de route, et notamment depuis 2015, suite à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Le Mali abandonné en plein vol par Barkhane
Alors que l’arrivée de l’armée française, à travers l’Opération SERVAL, a été bien accueillie par les populations maliennes, obligeant certains chefs de familles dans une liesse totale à baptiser leurs enfants ‘’ François Hollande’’, les autorités de transition du Mali et beaucoup de Maliens se sentent aujourd’hui abandonnés. « L’Opération française Barkhane amorce subitement son retrait en vue, dit-on, d’une transformation en Coalition internationale dont tous les contours ne sont pas encore connus, en tout cas pas connus de mon pays », déplore Choguel Maïga sur la tribune de l’ONU. L’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation sans tenir compte du lien tripartite qui lie Mali-France et l’ONU, n’a-t-elle pas donné des idées aux autorités de la transition à vouloir une alternative ?
En tout cas, c’est ce que Choguel a tenu à dire publiquement devant le monde entier sans citer le nom du partenaire avec lequel le Mali compte poursuivre la lutte contre le terrorisme au cas où ses alliés de longue date décident de plier bagage. « La nouvelle situation née de la fin de l’Opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer par la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le Nord de notre pays », a annoncé le chef du gouvernement , qui invite toujours les Nations-Unies à adopter une posture plus offensive sur le terrain. Prenant son courage en main que le Mali est sous le poids des sanctions internationales, Choguel Maïga a remis sur la table la demande d’un mandat plus robuste et d’un changement de posture de la MINUSMA.
Ceci permettra, selon les propres mots du premier ministre malien, d’adapter le mandat de la MINUSMA, de lui donner les moyens de s’acquitter convenablement de son mandat et de répondre à l’aspiration du peuple malien. Plus que jamais, le Mali est déterminé à prendre son destin en mains en termes de la lutte contre le terrorisme avec la liberté totale de sceller les accords avec qui ou quel pays il veut. Et c’est ce message que le Premier ministre est allé dire à New York en tendant les mains aux Nations-Unies qui doivent conformément à ses textes fondateurs aider le Mali à lutter plus efficacement contre la criminalité transnationale organisée afin d’asseoir les conditions véritables de sa stabilisation.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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