Alerte à Koulikoro : Le lycée Dioba Diarra grignoté par les spéculateurs fonciers.
Par Meguetan Infos

Construit en 1998, le lycée Dioba DIARRA de Koulikoro est le tout premier établissement public d’enseignement secondaire général de la région. Avec une réputation bâtie sur l’excellence académique et des résultats probants au baccalauréat, ce lycée représente un pilier fondamental pour la jeunesse koulikoroise. Mais aujourd’hui, il fait face à une menace qui pourrait compromettre son avenir : la prédation foncière.
Bâti sur un domaine de 6 hectares, dont 4 sont actuellement occupés par les bâtiments administratifs, les salles de classe et les logements, le lycée conserve encore deux hectares restants, initialement prévus pour les espaces sportifs et les servitudes vers la nouvelle route de contournement. Ces deux zones, pourtant essentielles au bon fonctionnement et à l’expansion future de l’établissement, sont aujourd’hui la cible de prédateurs fonciers aux ambitions démesurées.
Une absence de titre foncier lourde de conséquences
Selon Michel COULIBALY, proviseur du lycée, la situation est critique. Il affirme que les zones encore disponibles du domaine scolaire sont l’objet de convoitises constantes, notamment de la part de « maraudeurs coutumiers » qui prétendent avoir des droits sur ces espaces. Cette menace persistante s’explique en grande partie par l’absence de titre foncier. Comme de nombreux établissements créés à la même époque, le lycée Dioba DIARRA a vu le jour sans attribution officielle de terrain, souvent sur simple ordonnance administrative.
Une faille juridique qui ouvre la voie à toutes les dérives. Le proviseur, en première ligne dans la défense de l’intégrité du domaine scolaire, s’inquiète de ce qu’il adviendra le jour où il ne sera plus en poste. « Le jour où je ne serai plus ici, cet espace disparaîtra au profit d’un morcellement », prévient-il avec amertume.
Un espace sportif compromis, une servitude menacée
Parmi les zones les plus ciblées figure le terrain destiné aux activités sportives notamment l’espace prévue pour les exercices physiques des élèves. par ailleurs l’espace destiné à la pratique du Maracana est largement envié. Le président de la ligue régionale de cette discipline confirme que l’espace prévu est aujourd’hui sérieusement compromis par les occupations illégales.
La servitude située entre le lycée et la route de contournement fait également l’objet d’occupations illicites. Pourtant, selon le plan d’urbanisation, cette portion devait être affectée au lycée. Lors du démarrage des travaux de la route, les occupants avaient été temporairement déguerpis. Mais, à la surprise générale, plusieurs sont revenus pour reconstruire ou poursuivre les travaux de leurs maisons, avançant dangereusement jusqu’à 15 mètres du mur de clôture de l’établissement.
Les autorités des domaines
Du côté des structures domaniales, comme le lycée Dioba DIARRA, l’installation d’un établissement public ne s’accompagne pas automatiquement d’une immatriculation foncière. Il revient donc à ces structures d’engager les démarches nécessaires afin d’obtenir un titre foncier pour leur domaine.
Face à la prédation insouciante, il est impératif que les responsables du lycée sécurisent les zones convoitées par les prédateurs, notamment par des investissements tels que la construction d’un mur de clôture ou l’installation de piquets pour délimiter clairement les parties vulnérables.
Des autorités silencieuses face à l’urgence
Malgré les multiples alertes officielles lancées par l’administration du lycée, les autorités compétentes tardent à réagir. Les démarches entamées restent sans suite concrète, alors que l’urgence est palpable. Car si ces espaces venaient à être vendus et que de nouveaux propriétaires y installent des constructions, le retour en arrière serait impossible, plongeant l’établissement dans une situation irréversible.
Un appel à l’action
Le cas du lycée Dioba DIARRA n’est pas isolé. Il pose la problématique plus large de la sécurisation foncière des établissements scolaires au Mali. Il est temps pour les autorités locales, régionales et nationales de prendre à bras-le-corps cette situation, de délivrer un titre foncier officiel à l’établissement, et de stopper immédiatement les occupations illégales.
Le lycée Dioba DIARRA n’est pas seulement un bâtiment ou un terrain : c’est un symbole d’espoir, d’éducation et de progrès pour des générations de jeunes à Koulikoro. Le laisser à la merci des spéculateurs, c’est compromettre l’avenir de toute une région.
Nayté