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Bréhima Traoré, auteur du livre «Le Mali n’est pas un pays enclavé» : «Nous avons un accès à la mer. Aucune frontière ne nous sépare de l’Océan atlantique»

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Bréhima Traoré est l’auteur du livre «Le Mali n’est pas un pays enclavé» dont le lancement a eu lieu, le 20 août 2023, au Canoë Club de Bamako. Dans cet ouvrage de 108 pages, l’économiste soutient que notre pays dispose d’un accès à la mer et qu’aucune frontière ne nous sépare de l’Océan atlantique

Selon l’auteur, la date du 20 août pour le lancement de son ouvrage n’a été pas choisie au hasard. Le 20 août 1960, a-t-il fait savoir, marque l’arrêt brutal du trafic fluvial, suite à l’éclatement de la Fédération du Mali, laquelle regroupait le Soudan et le Sénégal. De 1892 à cette date, a expliqué Bréhima Traoré, le bateau naviguait de l’occident jusqu’au port de Kayes. Selon lui, il e produisait très souvent de véritables embouteillages de bateaux au port de Kayes. Les autorités du Sénégal d’alors ont décidé, «en tant que bras armé…….., de la fermeture du trafic fluvial, voire de l’embargo économique du Mali….. C’est en réaction à cette décision, que le Président Modibo Kéita instruit à son ministre des Finances, Louis Nègre, en décembre 1961, d’appliquer des sanctions au cordon douanier, sur tous les produits à l’importation, en provenance de la France».

Le natif de la première région administrative du Mali décrit l’animation vécue au port de Kayes à l’arrivée d’un navire marchand. «L’arrivée d’une navire marchand au port de Kayes était toujours annoncée par son klaxon prolongé. Nous accourions pour rejoindre le Port, surtout les enfants qui se sont fait de petits amis parmi les matelots et autres membres d’équipages des bateaux. Nous assistons aux manœuvres destinées à jeter l’ancre, sous l’œil vigilant du dragueur, tournant non loin de la manœuvre», se souvient l’auteur. Et de préciser : «Parmi les navires marchands, que j’ai vu mouiller au Port fluvial de Kayes, jusqu’au samedi 20 août 1960, date de l’arrêt brutal du trafic fluvial, suite à l’éclatement de la Fédération du Mali, il y avait, entre autres : Cap Lopez, Borgnis Desbordes et Bani».

L’ignorance du passé géographique et historique…

L’auteur de l’ouvrage «Le Mali n’est pas un pays enclavé» décrit le débarquement des produits et leur transport par train.

Il regrette que les rails posés entre la Gare des Chemins de fer à Kayes et le Port fluvial de la ville soient enlevés et les espaces vendus en lots à usage d’habitation à des particuliers. «L’ignorance de notre passé géographique et historique, par l’administration technique du service des Domaines et des Affaires foncières et les politiciens de Kayes, a entrainé le morcèlement de l’espace où étaient posés les rails, qui assuraient la liaison entre le Port fluviomaritime de Kayes et la Gare des Chemins de Fer. Le retour de l’autorité de l’Etat permettra le retour de l’ordre et le rétablissement de cette liaison ferroviaire entre la Gare des Chemins de Fer et le Port fluviomaritime de Kayes», a-t-il déclaré.

Le fleuve Sénégal, a insisté Bréhima Traoré, a le statut d’un cours d’eau international, conformément aux Résolutions de la Conférence de Berlin. «Il n’y a aucune frontière sur le fleuve Sénégal. Nous avons un accès à la mer. Aucune frontière ne nous sépare de l’Océan atlantique», a-t-il soutenu.

Dans une autre contribution publiée en décembre 2020 sous le titre «le Mali n’est pas un pays enclavé, mais victime d’un blocus d’accès à la mer», Bréhima Traoré a explicité le statut international du Fleuve Sénégal.

«Au Chapitre V de l’Acte Général de la Conférence de Berlin, sur la navigation du fleuve, l’Article 26 reste explicite : “la navigation du fleuve, sans exception d’aucun des embranchements, ni issues de ce fleuve, est et demeurera entièrement libre pour les navires marchands, en charge ou sur lest, de toutes les nations, tant pour le transport des marchandises, que pour celui des voyageurs. Cette navigation devra se conformer aux dispositions du présent Acte de navigation et aux règlements à établir, en exécution du même Acte.

Dans l’exercice de cette navigation, les sujets et les pavillons de toutes les nations seront traités, sous tous les rapports, sur le pied d’une parfaite égalité, tant pour la navigation directe de la pleine Mer, vers les Ports, et vice versa, que pour le grand et le petit cabotage, ainsi que pour la batellerie sur le parcours de ce fleuve.

En conséquence, sur tout le parcours et aux embouchures, il ne sera fait aucune distinction entre les sujets des Etats riverains et ceux des non riverains, et il ne sera concédé aucun privilège exclusif de navigation, soit à des sociétés ou corporations quelconques, soit à des particuliers.

Ces dispositions sont reconnues par les puissances signataires comme faisant désormais partie du droit public international ».

L’auteur ne comprend pas pourquoi les manuels scolaires contiennent l’assertion selon laquelle le Mali est un pays enclavé. Pour lui le Mali, qui n’est pas un pays enclavé, subit un embargo économique. «L’embargo économique de la Cédéao de 2022 n’est pas le premier cas du genre dont le Mali a été victime. Le Mali est sous embargo économique depuis le 20 août 1960, jusqu’à nos jours», a-t-il martelé.

Il s’insurge contre les stratégies visant maintenir cet embargo afin d’orienter les marchandises à destination du Mali vers des ports.

A l’en croire, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal – Omvs – a délibérément écarté le port de Kayes au profit de Ambidedi. «Nous avons beaucoup de possibilités pour quitter cette situation d’embargo…. L’état actuel des nouvelles technologies, une politique de débarras de ces seuils rocheux, entamée avec dextérité, serait déjà parvenue à bout du problème. Il suffirait de savoir comment procéder aux négociations. Et, avec le choix de partenaire qu’il faut, ce procédé serait d’ailleurs moins coûteux que la création d’un nouveau Port à Ambidédi avec toutes les commodités modernes liées aux nouvelles créations »

CD

Le Challenger

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