Histoires de femmes : “Chiffon ni” ou comment avoir de belles courbes
“Chiffon ni” ! C’est ainsi qu’on désigne l’accessoire de beauté qui sert à embellir l’apparence physique des femmes en y ajoutant des rondeurs. Avoir les courbes bien marquées est un vœu qui peut se réaliser au moyen de rembourrage temporaire ou permanent. Si dans certains pays comme les USA et le Brésil le rembourrage permanent c’est-à-dire la chirurgie esthétique connait un essor, ici au Mali nous assistons à celui du “chiffon ni”.
En effet, arrondir les hanches ou la poitrine devient un geste simple. Cela fait partie du quotidien de certaines femmes désireuses d’avoir soit une poitrine généreuse soit des hanches bien rondes dans le but d’affiner leurs tailles. “J’aime me sentir belle. J’utilise le ‘chiffon ni’ pour avoir de jolies formes, agréables à la vue. C’est un moyen accessible et surtout peu coûteux par rapport à la chirurgie esthétique. Grâce à ces accessoires, je peux avoir la silhouette d’une sirène si je veux”, nous confie Oumou, étudiante.
Ces accessoires sont des soutiens-gorge ou des sous-vêtements qui contiennent à des endroits précis des morceaux de chiffon taillés. Une fois portés, ces accessoires modifient l’aspect visuel de la forme réelle de la femme. Dans un but purement esthétique, les femmes sont très friandes de ces produits dont les négociants font fortune au Grand marché de Bamako.
“J’importe les ‘chiffon ni’ depuis huit ans maintenant. Lorsque je commençais ce business, peu de femmes connaissaient cet accessoire. Présentement, même les hommes savent son utilité. Mes clients sont de toutes les couches sociales et chacun, selon ses moyens peut en acheter. C’est la qualité du tissu utilisé dans la fabrication et la taille du chiffon qui font varier les coûts. Toutefois les prix sont entre 2000 FCFA et 7000 FCFA. Il y a des modèles discrets et d’autres plus voyants. Ce travail me convient, car je subviens aux besoins de toute ma famille”, témoigne Awa, une commerçante.
Par ailleurs, ce phénomène de mode est souvent perçu comme une entourloupe. La déception à la découverte de la vraie silhouette est commune aux hommes, premiers amateurs de la beauté physique des femmes. “J’ai été vraiment désillusionné le jour où j’ai compris cette arnaque. Il y avait cette jeune fille aux courbes généreuses que j’aimais bien. Je voulais même faire d’elle ma femme. Et un jour en passant devant chez elle, je l’ai aperçue toute maigre. D’abord, je croyais me tromper de personne mais la réalité est qu’elle portait toujours ces accessoires quand on se voyait. Moi qui voulait lui faire une surprise, devinez un peu qui a été surpris ?”, témoigne Oumar, tailleur.
“Chiffon ni” ou “gonflant” peu importe le nom qu’on leur donne, ces accessoires font partie intégrante de la mode Bamakoise. Qu’ils plaisent ou pas, les “chiffon ni” assurent d’une part la confiance à leurs utilisatrices et d’autre part une belle vue à ceux qui les regardent avec.
Fadima S. Touré, stagiaire