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Mali : Histoires de femmes : vive la polygamie !

Autorisée par la religion musulmane et la législation malienne, la pratique de la polygamie est répandue dans notre société. Voyage au cœur des foyers à multiples épouses !

La polygamie est un régime de mariage dans lequel l’homme peut épouser, s’il le souhaite, jusqu’à quatre femmes, selon l’islam.

La loi N°2011-087 portant Code des Personnes et de la Famille dans le livre du mariage au chapitre de l’option matrimonial, à son article 307 stipule que le mariage peut être contracté sous le régime de la polygamie auquel cas, il faut que « la femme y consente, et l’homme ne peut être tenu simultanément dans les liens du mariage avec plus de quatre femmes.

Et l’article 310 dudit Code prévoit que toute personne qui, étant engagé dans les liens d’un mariage polygamique, ayant contracté une cinquième union sera punie conformément aux dispositions prévues par le code pénal ».

La polygamie demeure une pratique étroitement liée à la culture musulmane mais aussi aux coutumes les plus ancestrales. Avoir plusieurs épouses est une bénédiction pour la plupart des hommes maliens. C’est la garantie d’avoir une nombreuse progéniture et accroître la richesse, puisque femmes et enfants constituent le patrimoine d’un homme, selon les traditions du Mandé.

Toutefois, tous les hommes ne sont pas polygames dans l’âme. Il y’a certains hommes qui, malgré le fait d’avoir signé la polygamie, n’envisage pas de prendre plusieurs épouses. C’est le cas d’Amadou : « j’ai opté pour ce régime pour faire bonne figure auprès de ma famille qui aurait mal pris que je sois monogame. Aussi, ma femme sachant que je peux en épouser une autre me traite comme un roi pour que je ne me plaigne pas d’elle ».

Ensuite, il y’a ceux pour qui, un premier mariage a été arrangé par les familles comme en témoigne Sidiki, mécanicien : « j’ai deux femmes et grâce à Dieu elles s’entendent parfaitement. Mon premier mariage a été arrangé par ma mère et j’ai moi-même choisi ma seconde épouse. Mes enfants et leurs mamans sont à mes yeux tous égaux. Ils sont tous soumis à la même règle et écope de la même sanction en cas de faute. Le secret à mon avis c’est de rester droit et respectueux envers toutes ses épouses et surtout envers ses enfants pour avoir la paix dans son foyer ».

Il y’a aussi des hommes qui veulent absolument avoir plusieurs foyers tels que Mohamed, commerçant, qui estime qu’un homme doit être polygame : « un homme doit avoir au moins deux femmes pour l’entretenir. Si l’une vous fait la tête vous pourrez toujours aller voir l’autre. Aussi, en prenant de l’âge on peut prendre une jeunette pour que les plus mûres se reposent. Par contre, il faut faire tout cela dans le respect si non on risque de s’attirer la troisième guerre mondiale dans sa maison ».

Des avis divers

Pour quelques rares femmes, la polygamie est une chance à saisir, si on veut réellement fonder un foyer surtout au Mali comme l’atteste Rokiatou : « Je suis la troisième femme de mon mari qui a quatre femmes. Mon mari fait de son mieux pour nous traiter toutes les quatre au même pied d’égalité et, en retour, nous-nous assurons de son bien-être et de celui de nos enfants, car, mes enfants auront la chance d’avoir quatre mamans donc quatre fois plus d’amour maternelle. Aussi, il est tellement difficile d’avoir un homme sérieux que si on en croise un, mieux vaut accepter de le partager avec d’autres, plutôt que de rester célibataire à vie ou bien pire, de tomber sur un don juan comme il y en a tellement à Bamako ».

Toutes les femmes ne perçoivent pas le régime polygame de la même manière. Pour certaines, la polygamie est depuis toujours le principal facteur de leur désarroi. Partager son homme, pour qui connaît la jalousie des femmes, n’est guère une partie de plaisir. Chacune veut conquérir et de façon illimitée l’affection et surtout l’attention du maître de la maison. Pour y arriver, elles se montrent très créatives et intelligentes ce qui donne lieu malheureusement à de nombreux divorces. « J’ai été mariée pendant quinze ans, je suis mère de cinq filles. Ma dernière grossesse a failli mal tourner et malheureusement, je ne peux plus faire d’enfants.

Tout allait bien entre mon ex époux et moi jusqu’à ce que ma belle-famille commence à lui réclamer un héritier mâle. De commun accord, on a décidé qu’il serait mieux qu’il ait une seconde femme pour réaliser ce rêve. Par la grâce de Dieu, ma coépouse a eu un garçon. Au lieu d’être une source de bonheur, cela est devenu pour moi un calvaire total. En effet, je suis devenue la risée de toute ma belle-famille et je ne subisait que de l’humiliation. J’ai tenté sans succès de prendre sur moi et de rester sans broncher dans mon foyer, tant que j’avais le soutien de mon époux, car une femme doit être patiente et forte pour ses enfants. Malheureusement mon mari, pour l’amour de ce petit garçon, s’est vite détourné de moi et de mes filles, ce qui créa beaucoup de tensions et de fil en aiguille, j’ai été répudiée par mon mari », confesse Fatoumata, artisane.

Par ailleurs, certains spécialistes font remarquer que les enfants issus des foyers polygames sont souvent mêlés à des querelles dans la famille, susceptibles de les éloigner de la fraternité d’antan. « Je suis née et j’ai grandi dans un foyer polygame. Je suis la première fille de la seconde épouse de mon père et son quatrième enfant. Mes aînés m’ont toujours considéré comme leur ennemie et ils voient en ma mère la femme qui a dépossédé leur mère de la tendresse de notre père. Malgré tous mes efforts pour être acceptée, je n’ai jamais ressenti un esprit de fraternité entre nous, au contraire, nous sommes devenus, à l’image de nos mamans, des rivaux. Je trouve ça vraiment dommage», nous a confié Habibatou, étudiante.

Même si les avis sont divers sur le sujet, il est important de rappeler que le mariage, peu importe son régime, est sacré. Pour le bien-être de la société, tâchons de respecter cette sacralité pour l’épanouissement de tous dans le respect strict de la loi et de la dignité humaine.

Fadimata Sarmoye Touré, stagiaire

Ramatou Coulibaly, stagiaire

Source : L’Indicateur du renouveau

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