6eme réunion ministérielle de coordination du C-4 : discours du ministre du Commerce et de la Concurrence du Mali à la cérémonie d’ouverture
N’Djamena le 16 novembre 2018
Monsieur Nouradine Delwa Kassiré KOUMAKOYE, Ministre d’Etat, Ministre Conseiller à la Présidence de la République du Tchad ;
Monsieur Ahmat Mahamat BACHIR, Ministre des Mines, du Développement Industriel, Commercial et de la Promotion du Secteur Privé, représentant Monsieur le Président de la République du Tchad ;
Messieurs les Ministres en charge du commerce des pays du C-4 ;
Monsieur Edwini KESSIE, Directeur de la Division de l’Agriculture et des Produits de Base, représentant du Directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des pays partenaires invités ;
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique et consulaire ;
Messieurs les Ambassadeurs Représentants permanents des pays du C-4 à Genève ;
Mesdames et Messieurs les Experts des pays du C-4 ;
Honorables invités ;
Mesdames Messieurs ;
En vos rangs, titres et qualités.
Tout d’abord, je tiens à adresser, au nom du Président de la République du Mali, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA, et de son Gouvernement, mes vives félicitations et mes remerciements au chef de l’Etat tchadien, Son Excellence Monsieur Idriss DEBY, et à son Gouvernement qui n’ont ménagé aucun effort pour la parfaite organisation de cet évènement qui réunit en terre africaine du Tchad, tous les acteurs intéressés à la promotion et au développement du secteur du coton. Qu’ils en soient remerciés.
Je remercie également tous nos partenaires qui ont bien voulu faire le déplacement de N’Djamena pour participer à ce grand rassemblement.
Mes remerciements vont tout particulièrement à l’Organisation Mondiale du Commerce pour son soutien constant et son accompagnement à travers, entre autres, le Mécanisme du Cadre Consultatif du Directeur Général en faveur du Coton.
Messieurs les Ministres,
C’est avec un réel plaisir que je rejoins la grande famille du Groupe des quatre pays co-auteurs de l’Initiative Sectorielle en Faveur du Coton, C-4, crée en avril 2003, il y a 15 ans déjà.
Hélas, depuis 15 longues années, aucun progrès substantiel n’a permis d’envisager une solution définitive, juste et équitable en particulier s’agissant de la réduction, voire la suppression des soutiens internes ayant des effets de distorsions sur le commerce du coton et ce, malgré les différents mandats des Conférences ministérielles de Hong Kong, Bali et Nairobi.
Pour rappel, à Hong Kong en décembre 2005, les Ministres du Commerce avaient déclaré qu’il fallait réserver au coton un traitement « ambitieux, rapide et spécifique ». Toutes les subventions à l’exportation sur le coton devaient être éliminées par les pays développés au cours de l’année 2006.
La Conférence ministérielle de Bali tenue du 3 au 6 décembre 2013 a reconnu l’importance vitale du coton pour l’économie de certains pays en développement et a convenu de la mise en place de discussions spécifiques sur le coton, dans le cadre des Comités de l’agriculture en session extraordinaire (CoASS), qui porteront sur toutes les formes de subventions du coton, le soutien interne et les mesures tarifaires et non tarifaires appliquées aux exportations de coton des PMA.
A la Conférence de Nairobi en décembre 2015, le Directeur général de l’OMC, Roberto Azêvedo, a annoncé que la décision ministérielle sur la suppression de la concurrence à l’exportation était le résultat le plus significatif de l’OMC sur l’Agriculture car, désormais, les PMA pourraient exporter leur coton en franchise de droit et sans contingent.
Cependant, force est de constater que les subventions à l’exportation et les soutiens internes sous diverses formes persistent et constituent une concurrence déloyale et un véritable obstacle à la conclusion d’un accord équilibré sur l’accès au marché mondial du coton africain.
Aussi, la rencontre d’aujourd’hui nous offre l’opportunité de rappeler toutes les promesses faites depuis Hong Kong et qui sont toujours en attente de réalisation.
Messieurs les Ministres,
Au Conseil général de l’OMC qui s’est tenu le 30 novembre 2017, soit quelques jours avant la 11èmeConférence ministérielle de Buenos-Aires, le Premier ministre du Mali a fait un véritable plaidoyer pour le coton africain, qui emploie des dizaines de millions de personnes et représente près de 70% des recettes d’exportation de beaucoup de PMA.
Au Mali, le coton représente plus de 22 % des recettes d’exportation et constitue la première source de revenus de plus de 4 millions de paysans.
Ces ressources sont un facteur de développement des zones rurales, car elles assurent la sécurité alimentaire des producteurs et de leur famille, facilitent l’accès aux soins et à l’éducation des enfants.
En outre, elles permettent de fixer les jeunes qui sont poussés vers l’exode rural et l’émigration par le chômage et la pauvreté.
Mais hélas encore une fois, la 11ème Conférence ministérielle a été une grande désillusion pour nos pays, en ce qu’elle n’a pris aucune décision sur l’agriculture, et en particulier sur le coton.
Messieurs les Ministres
Après ce constat d’échec quasi unanime, le C-4, dans le cadre de la reprise des négociations post-Buenos Aires, a ouvert des consultations bilatérales avec tous les partenaires majeurs intéressés par la question du coton à l’OMC, et a participé à des réunions d’échange importantes organisées par le président du Sous-comité Agriculture sur le coton.
Au cours de ces échanges, le C-4 a précisé ses priorités à savoir :
la mise en œuvre effective de la Décision sur l’accès aux marchés, la concurrence à l’exportation et la réalisation de projets-programmes relevant du volet développement ;
le maintien de l’intérêt des membres à négocier la question des soutiens internes pour parvenir à un accord équilibré susceptible de faire l’objet d’une décision ministérielle sur le coton à la MC12.
Messieurs les Ministres
Nous ne remercierons jamais assez notre organisation commune, l’OMC, ainsi que tous nos partenaires pour l’aide et le soutien qu’ils apportent à nos pays en vue de leur participation pleine et entière au système commercial multilatéral.
C’est dans le cadre de ce partenariat que le C-4, lors de la Journée du coton le 17 novembre 2017, a présenté aux Membres de l’OMC le programme « Route du Coton » qu’il a initié et qui vise à accroître la productivité du coton, améliorer les conditions de travail et de vie des producteurs, mais surtout à augmenter la valorisation du coton africain par la transformation industrielle.
L’ambition de ce programme est à la mesure des besoins de nos pays pour éliminer la pauvreté et atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Quelques chiffres pour démontrer, si besoin était, la pertinence et la nécessité de la transformation pour la balance commerciale de mon pays.
Le Mali, désormais premier producteur africain de coton, a atteint une production record de 728 600 tonnes de coton graine au titre de la campagne 2017/2018. Toutefois, sa transformation locale de coton dépasse à peine 2 % de cette production. Par ailleurs, en 2016, les importations de textiles et autres produits dérivés du coton se sont élevées à plus de cinquante-trois (53) milliards francs CFA.
L’autre volet, très utile de ce partenariat est le « portail coton ». Elaboré essentiellement avec l’appui du Centre de Commerce International (CCI), il est l’instrument idéal pour vulgariser le programme « Route du Coton » auprès des donateurs et des investisseurs sans l’intervention desquels nos efforts seraient vains.
Mesdames Messieurs
Les solutions et réponses à apporter à la question emblématique du coton permettront aux pays producteurs et exportateurs issus des PMA, de faire réellement du commerce un levier vital de lutte contre la pauvreté et de développement durable.
C’est là, l’un des moyens appropriés de traduire en action le paragraphe 24 de la Déclaration Ministérielle adoptée à Nairobi, en vue de faciliter l’intégration des PMA dans le Système Commercial Multilatéral.
Dans cette perspective, je réitère l’appel vibrant des plus hautes Autorités de mon pays à un sursaut de tous les Membres de l’OMC en vue de l’adoption de solutions concrètes lors du processus des négociations en cours, afin de préserver et promouvoir nos filières cotonnières dont dépend la vie de millions de personnes.
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.
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Source: Malijet