En Corée du Sud, les femmes manifestent contre « la pornographie par caméra espion«
Le samedi 7 juillet 2018, l’une des plus importantes manifestations féminines du pays a eu lieu dans le centre de Séoul, capitale de la Corée du Sud. Elles étaient 55 000 selon les organisateurs, ou 20 000 d’après la police, à défiler contre la « pornographie par caméra espion ». Les manifestantes étaient venues dénoncer le nombre croissant de vidéos montrant des femmes filmées dénudées à leur insu dans des lieux publics (toilettes, vestiaires d’école, lieux de travail…) qui circulent sur Internet.
Ces image sont prises la plupart du temps grâce à des caméras espions, mais aussi avec des smartphones ou des minis caméras « cachées dans des lunettes, des briquets, des montres, des clés de voiture ou encore des cravates », rapporte l’AFP. Selon les médias locaux, les vidéos sont ensuite publiées sur des sites pornographiques ou sur des chats, et ce malgré l’interdiction officielle de distribution de pornographie. Pire encore, elles sont parfois utilisées avec un but publicitaire pour des sites de prostitution ou de jeux en ligne.
Les adolescentes et les jeunes femmes sont particulièrement visées
« Les hommes qui filment ces vidéos ! Ceux qui les téléchargent ! Ceux qui les regardent ! Ils devraient tous être punis sévèrement », scandait la foule. Certains manifestantes portaient des pancartes sur lesquelles il était écrit : « Ma vie n’est pas votre porno » ou « Nous sommes des êtres humains, pas des objets sexuels pour vos fantasmes malsains ». Parmi elles, de nombreuses jeunes femmes et adolescentes, particulièrement visées par ce comportement abject. L’une d’entre elles, restée anonyme, raconte à l’AFP le sentiment d’insécurité permanent causés par l’attitude scandaleuse de ces hommes. « Maintenant, moi et mes amis vérifions toujours soigneusement s’il n’y a pas un trou suspect dans les murs ou la porte avant d’aller aux toilettes quelque part. Quel genre de pays est devenu la Corée du Sud ? Un pays où les femmes ne peuvent plus aller aux toilettes sans avoir à craindre de voir leurs fesses filmées en secret ? », interroge-t-elle, indignée.
Malgré le soutien du gouvernement, les sanctions restent insuffisantes
En mai dernier, le président sud-coréen a apporté son soutien aux femmes victimes de ce phénomène écoeurant. Moon Jae-In a regretté que ce soit devenu « un fait courant de la vie de tous les jours » en demandant des peines plus importantes pour ceux qui filment les femmes à leur insu. Actuellement, ils sont généralement condamnés à seulement payer une amende ou à quelques mois de prison avec sursis. Les Coréennes jugent ces peines insuffisantes et non dissuasives. Parmi ceux qui ont déjà été punis par la justice, des hommes de tous les milieux : docteurs, instituteurs, professeurs de lycée ou d’université, fonctionnaires, policiers, prêtres, pasteurs, et même un juge…
Source: AFP