Présidentielle de 2018: le temps des calomnies
Entre un ancien ministre qui déguise son bien aux origines douteuses derrière un appel à contribution à sa campagne électorale ; des violateurs d’interdiction qui crient à la répression ; et des activistes qui se réfugient derrière une prétendue ‘’chasses aux sorcières’’, la calomnie reprend tous ses droits en cette veille d’élection du Président de la République.
L’atypisme des hommes politiques de ce pays n’en finit plus d’étonner. Il y a juste quelques années, en 2012, les 2/3 du territoire étaient contrôlés par une horde de narco-djihadistes. La prise de Konna par ces psychopathes menaçait sérieusement l’existence même du Mali. Ce pays a été sauvé par une intervention militaire étrangère et tente de garder la tête hors de l’eau grâce à une exceptionnelle mobilisation de la Communauté internationale. Mais, le péril de 2012 semble être oublié et l’on ne semble pas non plus remarquer la présence de cette Communauté internationale qui devrait nous rappeler au quotidien notre situation de vulnérabilité. Nos hommes politiques pensent et agissent comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Atypique, le Mali l’est. En effet, voici un de ces pays où l’on ne s’encombre pas d’attendre l’ouverture officielle de la campagne électorale (7 juillet 2018) pour ouvrir la polémique. Certains responsables politiques étant en campagne permanente depuis 2013 où ils ont été recalés au premier tour de l’élection du Président de la République. Certains ne déposeront jamais leur candidature…
La perspective de l’élection présidentielle (29 juillet pour le premier tour) en a rajouté une touche à cette incurie déconcertante où le Président IBK, désormais candidat, donc ennemi public numéro Un à abattre, est la tête de Turc. Aux opposants politiques traditionnels, se sont ajoutés des opportunistes en tous genres appelés abusivement ‘’activistes’’, pour réaliser l’alternance. La machine à salir est donc lancée, en attendant la décapitation sur la place de celui dont le tort a été de n’avoir pas renoncé à se représenter à l’élection du Président de la République, quand bien même la Constitution du 25 Février 1992 l’y autorise.
L’obsession
Dans l’obsession à faire partir ‘’Boua’’, il n’y a pas de place au débat d’idées ; on n’oppose pas un programme à un programme. Ce qui est la règle en démocratie et est l’expression la plus élémentaire du respect que l’on pourrait avoir pour les électeurs qui apprécient sur la base de ce qu’on leur propose et non sur la base des échecs d’un Président sortant. Ainsi, on déblatère sur le régime à satiété. Dans cet exercice, opposants et ‘’activistes’’ jouent à qui mieux-mieux.
Mohamed Ali BATHILY, ministre pendant plus de 4 ans ? qui n’a pas démissionné du Gouvernement, lors de sa déclaration de candidature ou plutôt son procès en sorcellerie contre IBK, prétend qu’il est victime d’une ‘’asphyxie financière’’. Il prétend que des fonds qui lui sont destinés par des ‘’amis’’, pour les besoins de sa campagne, auraient été ‘’bloqués’’ au niveau du Trésor ou des banques et qu’il entend organiser la résistance par une collecte de fonds.
Mais voilà, la parole de BATHILY n’est pas parole d’Evangile, et sa conduite vis-à-vis du Président IBK n’en fait pas un modèle de crédibilité. Alors, il se devait d’apporter la preuve de ce qu’il avance. Cela ne lui a pas paru important. Ce qui est d’autant plus regrettable que l’avocat qu’il est, est censé savoir qu’on ne peut incriminer quelqu’un que sur la base de pièces à conviction. Ce qui amène à croire à une dénonciation calomnieuse de sa part.
Des spéculations hasardeuses
Des spéculations hasardeuses sont venues également de responsables de la ‘’Coalition pour l’alternance et le changement’’ qui regroupe des partis politiques, des associations, des mouvements, des organisations, ainsi que de nombreux activistes, et dont l’objectif affiché est de barrer la route de Koulouba au Président IBK lors de la présidentielle de juillet prochain. Après la marche réprimée du 2 juin 2018, le Chef de file de l’Opposition affirmait : ‘’il y a eu des tirs à balles réelles sur la foule’’. Flagrant mensonge, parce qu’aucun blessé par balle n’a été admis au CHU Gabriel TOURE et ceux qui y ont été reçus, tous ont été libérés le même jour. On n’a plus parlé de ‘’balles’’, sachant que le mensonge était grossier et grotesque.
Dans un Communiqué du 4 juin 2018 : ‘’l’Opposition condamne avec la dernière énergie la répression violente de la manifestation pacifique du 2 juin’’.
Ils oublient de signaler qu’il s’agissait d’une marche non-autorisée. Ils savaient également qu’en passant outre l’interdiction, ils défiaient l’autorité de l’Etat qui n’est admissible dans aucun Etat de droit. Ils savaient également que dans leurs rangs figurait un ancien ministre qui a battu, en son temps, tous les records d’achat de matériels de ‘’répression’’. Les Maliens ne sont pas amnésiques, en l’occurrence ceux qui ont eu à inhaler ces gaz lacrymogènes qui ne datent pas du 2 juin 2018, en République du Mali.
La vampirisation
Enfin, ceux qu’on appelle ‘’activistes’’, (parce qu’il est établi que certains sont chichement rémunérés pour le travail de sape du régime), qui parlent de chasse aux sorcières, de quoi s’agit-il ? Est-ce l’arrestation des meneurs d’une manifestation à Kéniéba, marquée par l’incendie de bâtiments administratifs et des cartes d’électeur, une chasse aux sorcières ? Est-ce l’interpellation d’un individu muni du matériel de maintien d’ordre de la Police nationale, une chasse aux sorcières ? Un État ne devrait quand même pas se laisser vampiriser par des vandales !
Par Bertin DAKOUO
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