KOULIKORO : Le port du voile pendant le mois de Ramadan…Croyance, mode ou hypocrisie ?

 Le port du voile est vécu différemment dans toutes les sociétés du monde. Il peut paraitre un mode ou style vestimentaire, chez certaine femmes dans certaines sociétés. Il est de fois liée à une cause religieuse. Mais les jeunes de nos jours sont beaucoup plus dans une recherche spirituelle, la belle vie et la modernisation. Raison pour laquelle on s’approprie de  la religion et on en fait quelque chose d’individuel comme la pratique actuelle du port des foulards ou voiles chez les femmes ou filles musulmanes. Il y en a qui  portent le voile par appartenance à une religion. D’autres, par appartenance à une communauté. Certaines le portent par pure spiritualité, d’autres par pure esthétique surtout pendant le mois du Carême. » Par esthétisme ? A Koulikoro comme partout d’ailleurs il y a certaines femmes qui pensent que c’est trop demander à ce qui concerne le port de ces signes qui sont beaucoup plus contraignants comme le niqab ou la burqa (vêtement).

Bien vrai quelque part c’est beaucoup exiger aux femmes mariées qu’aux célibataires comme le dit certains versets du saint coran : « Il n’y a pas de faute à reprocher aux femmes qui ne peuvent plus avoir d’enfants et qui ne peuvent plus se marier, de déposer leurs voiles (thiyâb, sing. thaûb i.ehabit, vêtement), à condition de ne pas se montrer dans tous leurs atours ; mais il est préférable pour elles de s’en abstenir… » (Coran 24, 60).

« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles (jalâbihinna), c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées… » (Coran 33, 59). Tout en ajoutant ceux-ci :« Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles (khumur, sing. khimâr) sur leurs poitrines, de ne montrer leurs atours qu’à leur époux…Dis leur encore de ne pas frapper le sol de leurs pieds pour ne pas montrer leurs atours cachés. » (Coran 24, 31).

Voilà ce qui remonte dans les esprits de fois si la foi religieux fait abstraction de la pensée sociale. Le mois de ramadan est révélateur de plusieurs dérives sociales notamment par rapport aux comportements du croyant. Porter le voile pendant le mois de carême est-il un comportement social ou une incitation à la foi religieuse ? Autant de questions qui conduisent l’équipe du Meguetan INFOS à s’intéresser à  ce fameux  sujet à cause de  ce prompt et soudain changement de comportement vestimentaire chez les filles et les femmes, qui n’a de sens que pendant le mois du carême. Les avis sont partagés sur le « terrain » nous montre à quel point le voile pouvait avoir un sens différent d’une femme à l’autre.

Shérifatou Cissé-Elève bachelière au lycée Magnien de Koulikoro : « franchement reconnaissons que ce changement apparent qui se fait surtout chez les filles souvent n’a pas de sens. J’ai à leurs dire comme conseil,  nous sommes responsables de nos actes bons ou pas donc changeons nos comportements pas seulement pour le mois. Mais aussi,  parce qu’on est musulman éternellement ».

Asitan Cissé-Elève bachelière a LMagniko : « le terme approprié est vraiment d’actualité, Moi personnellement je m’habille comme ça et correctement donc je ne le change pas pour rien au monde. Parce que je suis une fille et je sais ce que sais s’est. Remarquablement pendant le mois de ramadan toutes les filles se voilent en changeant d’accoutrement. Alors qu’habituellement peu sont celles qui s’habillent ainsi. Donc je crois que c’est tout à fait une apparence trompeuse et temporaire. Pour certaines filles, le port du voile est considéré comme accoutrement des non civilisées et pour certaines c’est la seule manière de monter qu’on n’est pas comme les autres et qu’on se réserve et respecte nos intimités et pas seulement pendant le carême.il y a des filles qui pensent même qu’en portant ces genres d’habille les hommes ne s’intéresseront pas à elles alors que c’est exactement le contraire chez certaines ». Dixit Asitan Cissé

Massan Diarra-restauratrice à Koulikoro Gare : « Pour moi ce changement est normal et ça n’a rien avoir avec le mode ni l’hypocrisie. Et c’est ce qui est recommandé d’ailleurs mais pas seulement pendant le carême mais malheureusement c’est le contraire qui se passe chez nous aujourd’hui surtout par la nouvelle génération. Souvent on s’en débarrasse complètement pour se sentir un peu libre même si la religion le condamne. Mon conseil c’est aux parents parce que certains ne s’intéressent pas à la vie religieuse de leurs enfants, qu’ils prient ou pas, qu’ils s’habillent correctement ou pas et jeûnent  ou pas depuis chez eux dans la famille.  Alors ça serait difficile de juger ou corriger leurs comportements. Donc avant tout c’est au parent de s’en occuper, de sensibiliser voire conseiller leurs enfants par rapport à leurs applications confessionnelles y compris le port des mèches ».

Pour Fatoumata Djiteye étudiante a l’IPR IFRA de Katibougou : « Désolé de le dire hein…Sincèrement je trouve que le port des foulards ou voiles chez nous les filles d’aujourd’hui que ça soit carême ou pas c’est toutes autres choses. Personnellement je le fais à la maison parce que c’est une imposition en quelque sorte mais une fois dehors je l’enlève. Donc pour moi c’est une hypocrisie de ma part et même si quelque part c’est devenu comme un style(mode) chez moi et même chez certaines filles comme moi. J’avoue également que si ce n’est le mois du carême, certaines filles qui ne le portent même pas. Je dirais que nous les filles on doit être honnête envers nous  mêmes ».

Mohamed Daou-Etudiant : « je confirme que ces comportements n’ont rien de mode ni de croyant c’est de la pure hypocrisie parce s’exposer entièrement le corps durant tous les mois de l’année et jouer la sainte pendant un seul mois voire quelques jours du mois de  l’année est vraiment un comportement malhonnête de la part de nos sœurs. Je trouve que y a plus belle femme plus celle qui se couvrent entièrement le corps et je sais qu’aucun homme veut de la femme qui s’expose complétement son corps.  Donc je demanderais nos sœurs de s’habiller correctement même après le carême ».

Même si quelque part il montre complétement sa position en rejoignant ce qui pensent que ça ne doit pas être une forme d’obligation

C’est vrai nous sommes musulmans mais n’oublions pas aussi que nous sommes dans pays juridiquement laïc. Chacun est libre de son choix et de son  comportement vestimentaire. Alors le port des foulards ou des voiles ne doivent pas être une obligation. Étant donné que même la religion musulmane le recommande mais ne l’impose pas.

Ousmane Guindo Animateur-technicien dans une radio libre de Koulikoro : « Nous constatons couramment ce changement de comportement chaque année et surtout vers le début des deux dernières semaines du mois de ramadan.   C’est dans tous les côtés pas seulement chez les femmes et même chez les hommes. Au-delà de  ce comportement des filles ou des  femmes pendant le carême, je crois qu’il doit avoir une réelle prise de conscience et  de changement de comportement de la part la population elle-même.  Normalement ce changement ne doit pas se faire seulement pour  une  semaine ou d’un mois de l’année. Le changement doit être moral et éternel parce que le changement de mentalité c’est le changement de comportement.  Donc ça ne doit même pas attendre le mois de carême,  c’est au quotidien. Et si ce même comportement continu alors il est qualifiable a une forme de l’hypocrisie, puis que c’est loin d’être un mode pour les musulmans et surtout pendant le mois béni. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent que se voiler pendant le mois de ramadan c’est une manière de respecter le mois ou de l’accompagner parce qu’en demandant certains savants, ils te diront que tous les jours de l’année sont à respecter et accompagner sans exception. Mon appel va à l’endroit des parents parce qu’il est temps de réfléchir en se posant cette question « D’où nous venons et où l’on va ? Puisque ça y va de point de vue de l’éducation de l’enfant dans la famille,  donc c’est le rôle des parents puisque dirais que c’est eux qui ont échoués ».

Ladji Fané-propriétaire du salon maxi coiffure à Koulikoro Gare : « Je pense que nos frères et sœurs ignorent éperdument le vrai sens du mois. Parce que certains ne prient même pas mais dans le mois du carême ils changent de veste et deviennent saints. Alors qu’ils reprendront très bientôt le port de leurs mini jupes et collants habituels dont je ne vois pas d’autres qualifications appropriées pour ces comportements que le mot hypocrisie. S’ils pouvaient continuer avec ces changements ça se serait encore mieux parce que c’est normal qu’il y ait un changement parce que le mois de carême au-delà des prières et pardon.  C’est aussi un mois de changement mental et spirituel. Et Si c’est le contraire ils veulent alors tant mieux car nous  sommes tous responsables de nos choix. Mon conseil va à l’endroit de toutes les femmes en leurs disant ces-ci : La religion musulmane n’est un jeu alors soyons des musulmans confirmés et en plein temps et craignons au tout puissant ».

Abdoulaye Cissé Ex-animateur et marabout : « Avant tout, le bon dieu a demandé à toutes les femmes musulmanes de se voiler pas seulement pendant le mois du carême mais pour son propre être voir santé. Religieusement parlant, d’une autre hypothèse, le corps d’une femme exposé est un danger permanent pour le regard des hommes. Sauf son visage, ses mains et pieds. Parce que toutes les parties cachées la sont des véritables objets d’attraction voire séduction irrésistible ».

Il faut signaler cependant que, si le port du voile uniquement pendant le mois de ramadan est vu comme une insulte à l’égard de la religion musulmane,  certains pensent qu’il ne doit pas être une forme d’imposition parce que cela  y va avec la conscience, le comportement voire l’éducation de l’homme dans une société bien définie. Parce que concernant le port ce vêtement proprement, il n’est donné à aucune précision quant à la nature du tissu, son coloris, le moment, son genre, sa coupe, etc. Il est seulement indiqué la manière dont il doit être porté : rabattu, afin de ne pas montrer ni révéler les atours ou agréments féminins. Seule la décence, la réserve et finalement le vêtement de Crainte révérencielle de Dieu, qui seul donne la juste orientation et le discernement, est demandé. Ceci ne s’obtient pas par l’uniformisation du comportement et de l’habillement, car chaque situation sociétale demande une réponse adaptée où le discernement, c’est à dire le respect d’autrui et non pas simplement notre simple identification, est la principale qualité.

Ibrahim Mohamed TOURE RADIKAL