LE VIOL QUE J`AI SUBI À 15 ANS A DÉTRUIT MA RELATION AVEC LES GARÇONS
Je ne m’en sors pas: comment faire pour me faire rentrer dans la tête que je ne suis ni dégueulasse ni un objet?
Je vais vous parler de mon tout premier « rapport sexuel ».
J’avais 15 ans et je me suis fait violer. Je rentrais juste des cours, il faisait un peu nuit, super froid. Je me souviens des fringues que je portais, pas de la date exacte. C’est comme si mon cerveau l’avait effacée. Je rentrais chez moi tranquille, les écouteurs sur les oreilles, le pas détendu, insouciante.
Pour rentrer, j’ai pris une ruelle peu empruntée, car c’était un gros raccourci. Et, d’un coup, un homme m’a tapoté l’épaule. J’ai pensé qu’il voulait un renseignement. Ou une autre connerie comme ça. Du coup, je me suis retournée sans me poser de questions. C’est à ce moment que j’ai plus rien compris.
Il m’a prise ultra violemment par le bras et m’a fait traverser la route. Je savais pas pourquoi. Il puait clope, alcool et drogue, le trio malsain. Autant ne pas chercher à comprendre. Il a commencé à me toucher, puis il est allé plus loin et… STOP. Je ne veux pas entrer dans les détails. Le truc horrible aussi, c’est les insultes qu’il m’a balancées à la gueule. Ça a vraiment déglingué le peu d’estime de moi que j’avais. Il a fini par se barrer parce qu’une voiture est arrivée. Heureusement d’ailleurs: grâce à ça, il s’est arrêté aux doigts. Si il était allé plus loin je pense que j’en serais morte!
Je voyais des ombres derrière moi
Je ne m’en suis jamais vraiment remise. Deux ans et demi après, j’ai toujours du mal. Au début, je me suis littéralement persuadée que rien n’était arrivé. Je ne pouvais pas. « Je suis sale putain et non, je vais mourir. C’est jamais arrivé. Point! » Ce cinéma a duré un peu moins d’un an. Pendant tout ce temps, je suis devenue de plus en plus agressive avec la terre entière. J’ai perdu des amis. Il y avait déjà des problèmes chez moi et là, c’était pire. Je ressentais une haine immense. Au point que j’avais envie de buter les gens dès qu’un mec croisait mon regard. Je voyais des ombres derrière moi quand je marchais dans la rue… Bref, l’enfer. Tout ça parce que je me voilais la face.
J’ai fini par en parler à ma famille. On m’a emmenée direct chez les flics. « Mais sérieux, vous voulez que je dise quoi? Je le connaissais pas, il avait environ la trentaine. Sa tête, je sais plus… Je n’étais pas en train de l’observer pendant qu’il me pelotait et qu’il me disait que j’étais une petite pute dégueulasse! » Ils m’ont demandé de tout raconter, deux fois, dans les détails. Tout m’est revenu en pleine face. C’était atroce. J’avais la haine, plus que jamais. Je me dégoûtais, plus que jamais. Je hais cette flic qui m’a forcée à en parler. Je me suis beaucoup scarifiée. J’ai commencé à ne plus aller en cours. C’était ingérable.
Je couchais à droite à gauche
J’étais dépassée. Et surtout, je ne me respectais plus! « De toute façon, je suis une pute dégueulasse, il me l’a dit à moi. C’est MOI qu’il a choisie pour faire ça. » J’étais tellement paumée que je traînais sur des sites de rencontres. C’était juste pour le sexe. Je couchais à droite à gauche. Je cherchais la reconnaissance et le désir, mais j’avais juste l’impression d’être un objet. Les mecs se sont passé le mot. Et rapidement, la réputation a suivi. J’avais peur de dire non, donc je me laissais faire.
J’ai eu trois relations amoureuses. Le premier: un pervers narcissique. Ça m’a juste enfoncée. Le deuxième, un mec dont je suis tombée follement amoureuse. Un an et demi après notre séparation, je l’aime encore. Ça a été le seul, de tous ceux que j’ai rencontrés, qui m’a soutenue. Mais il m’a brisée. Il a rompu tellement salement que je me suis encore vue comme un putain d’objet. Le dernier m’a quittée la semaine dernière. Je me dis que me retrouver réellement avec moi-même peut être une bonne chose. Il n’y a que moi qui peux avancer là-dessus, c’est pas les autres qui le feront à ma place.
Je donnerais tout pour retrouver le mec qui m’a fait ça et lui couper les couilles aux ciseaux. En attendant, je ne m’en sors pas: comment faire pour me faire rentrer dans la tête que je ne suis ni dégueulasse ni un objet? J’en sais rien, mais la vie suit son cours.