16ème Session du Conseil National de la Sécurité Alimentaire : Une situation alarmante
Le Centre international de Conférence de Bamako (CICB) a abrité la 16ème session ordinaire de conseil national de la sécurité alimentaire jeudi dernier sous la présidence de Dr Boubou Cissé premier ministre chef du gouvernement.
C’était en présence de M. Kassim Dénon commissaire à la sécurité alimentaire, Mme Silvia Caruso chef du fil des partenaires techniques et financiers de la sécurité alimentaire, des représentants des Missions Diplomatiques, Consulaires des Organisations Internationales accréditées au Mali, des ONG Nationales et Internationales.
M. Kassim Dénon dans son exposé, a indiqué que le CNSA dans ses missions a rencontré d’énormes difficultés sur le plan technique et financier lors de la mobilisation des ressources financières pour l’achat du plan de réponse 2018. « Sur 29 000 tonnes de vivres alimentaires, le CNSA n’a pu distribuer que 3 000 tonnes », a-t-il expliqué.
A ses dires, cette année, les besoins alimentaires sont extrêmement élevés.
« Le plan national de réponses 2019 envisage une assistance alimentaire gratuite à plus de 954 644 personnes concernées dont 550 000 dans le besoins alimentaire sur le compte d’Etat pour un coût de 6 800 000 000 F CFA », a souligné M. Kassim Dénon. Pour cela, a-t-il ajouté, « nous avons fait des recommandations à l’attention de l’Etat et les partenaires afin de faciliter l’accès aux humanitaires dans les zones d’insécurités ».
Selon Mme Silvia, ces sessions entrent dans un cadre particulièrement important car elles fournissent un espace de dialogue et de choix décisionnels qui permettront à plus d’un million de personnes de ne plus souffrir de la faim grâce aux interventions appropriées qui seront adoptées par notre gouvernement.
« Ces sessions nous offrent l’occasion de partager ensemble les réflexions sur les voies et les moyens de faire face efficacement à la question de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables et réaffirment ici leur engagement à l’accompagner dans cette mission », a déclaré Mme Silvia.
Le chef du fil des partenaires techniques et financier de la sécurité alimentaire a aussi invité le gouvernement malien à redoubler d’effort pour renforcer davantage leur cadre de capacités en ressources humaines et en matière de gestion axée sur les résultats en termes de planification et de rapportage.
« Je ne peux qu’inviter le gouvernement du Mali à accélérer l’adoption de la Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle qui est un élément central et crucial de cette réforme », ajoutera Mme Silvia Caruso.
Elle a enfin promis, au nom de son département à encourager et à mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre du plan pluriannuel et du plan national de réponse 2019, dans les délais nécessaires. Cela, afin de répondre de façon adéquate aux besoins des maliens touchés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, (qui sont près de 3,8 millions de personnes cette année) et réduire leur nombre dans les prochaines années.
Le PM optimiste
Dans son intervention, Dr Boubou Cissé a indiqué que le Conseil National de la Sécurité Alimentaire se tient dans un meilleur contexte par rapport à 2018 et que la situation peut être jugée globalement bonne malgré des perturbations dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou.
« Le Conseil National de Sécurité Alimentaire au titre de la Campagne Agricole 2018-2019, se tient dans un contexte alimentaire et nutritionnel relativement meilleur à celui de 2018 car, par la grâce d’Allah, la Campagne Agricole 2018-2019 a été marquée par une campagne agricole jugée globalement bonne dans l’ensemble du pays, excepté par endroits dans les régions de Tombouctou et Gao (à cause des inondations sur le riz de submersion et les cultures de décrue) et dans celle de la région de Mopti où, en plus de l’inondation, les conflits communautaires ont perturbé les activités agricoles », a-t-il déclaré.
Le 1er ministre a également signalé que la campagne agricole 2018-2019 prévoit une production céréalière de 10 452 980 tonnes, soit une augmentation de 12% par rapport à l’année dernière et 34% par rapport à la moyenne quinquennale.
Selon le ministre de l’Economie et des finances, les productions pastorales sont moyennes à bonnes. « Le disponible fourrager est globalement moyen voire excédentaire, notamment dans les zones pastorales. Sauf que l’accès à certains pâturages des zones exondées des régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka et du nord de celles de Ségou, Mopti reste difficile à cause de l’insécurité persistante. Ce qui limitera indéniablement l’exploitation adéquate du disponible fourrager par endroits. Quand à la soudure pastorale attendue dira Dr Cissé, elle devrait être normale à travers le pays.
Aussi, Dr Boubou Cissé a fait savoir que, malgré une certaine amélioration relative à la situation nutritionnelle, demeure préoccupante dans le pays du fait de l’insécurité alimentaire, de l’insécurité civile et de la persistance des maladies liées aux mauvaises conditions d’hygiène des populations dans certaines zones.
Ainsi, pour PM, une dégradation de la situation sécuritaire au centre et au nord du pays, affecte les circuits d’approvisionnement et provoque des déplacements inhabituels de certains ménages des zones d’insécurités vers des zones les plus sécurisées.
« Plus 548 644 personnes sont en phase 3 (soit 524 359 personnes en crise et 24 285 personnes en urgence). Celles en phase 2 sont de 3 244 417 personnes soit 16,71% de la population du pays.
Dr Boubou indiquera que, pour venir en aide à ces personnes, le Plan National de Réponses 2019, tentera d’apporter des solutions d’atténuation pour plus de 3 793 061 personnes (presque un cinquième de la population concernée) tout en mettant en cohérence les actions conjointes de l’Etat et de ses partenaires d’appui.
« C’est pourquoi, l’un des mandats de ce Conseil est justement d’adopter le planning de réponses au titre de l’année 2019, portant sur l’assistance alimentaire, le cash transfert, l’appui au bétail, aux cantines scolaires, la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes, la reconstitution des stocks de sécurité », a conclu le Dr Boubou Cissé.
Aminata Dagnon
Source: Le 26 Mars