Emploi: Pourquoi les jeunes de Koulikoro ne s’intéressent pas au secteur d’exploitation de Sable et Gravier?
L’exploitation de sable et gravier est actuellement le principal secteur pourvoyeur d’emploi pour la population de Koulikoro avec plus de 1000 personnes travaillant par jour sur les différentes berges d’exploitation dont plus 60% de femme. Malgré tout, le problème d’emploi jeune demeure, car les jeunes de Koulikoro ne n’intéressent sérieusement pas à ce secteur. Pour en savoir plus sur les raisons de ce désintéressement des jeunes. Nous avons posé la question aux Koulikorois. Suivons cette enquête.
Depuis la fermeture de l’HUICOMA dans les années 2000, le secteur d’exploitation de sable et de gravier est devenue la principale source pourvoyeuse d’emploi pour la population de Koulikoro. Plus de 60% des femmes et la majorité des ex employés de l’HUICOMA travaillent dans ce secteur. Cependant, le problème d’emploi s’impose toujours pour les jeunes, car la plupart d’entre eux ne s’intéresse à ce secteur. Pour Eli Diarra Maire de la commune urbaine de Koulikoro, ce secteur produit de l’emploie même s’ il n’est pas diplômant : « Il y a des milliers de jeunes qui sont aux abords du fleuve pour cette activité, donc c’est un secteur qui crée de l’emploi. Mais chacun a sa façon de voir les emplois. Pour d’aucun, les emplois se limitent aux emplois diplômant, alors qu’on peut ne pas avoir un diplôme et avoir un emploi noble et conséquent ».
Malgré ces avantages que le secteur offre en termes d’emploi, la majeure partie des acteurs impliqués du domaine, sont généralement des jeunes saisonniers venants d’autres régions du Mali. Sékou Guindo, président du syndicat des exploitants de sable et de gravier de Koulikoro : « Je crois c’est une mal compréhension de la part des jeunes de Koulikoro. On constate que les 90% des travailleurs du secteur viennent du nord, essentiellement de la région de Mopti, notamment les dogon, les Bozo, le sonraï. Implicitement la jeunesse de Koulikoro ne fait pas partir de notre équipe. C’est maintenant que les jeunes natifs de Koulikoro commencent à s’intéresser à notre travail. Sinon, 60% des femmes de Koulikoro travaillent dans le lit du fleuve ».
Pour Bina Diarra président du conseil local de la jeunesse, les jeunes de Koulikoro ne s’intéressent pas à ce secteur parce qu’ils considèrent l’exploitation du sable et gravier comme un métier à rabaissement : « Il y a beaucoup de jeunes qui travaillent dans le secteur, même si j’avoue que du point de vue organisation ça laisse à désirer. L’exploitation du sable et gravier bien vrai que c’est un domaine pourvoyeur d’emploi, c’est pour une catégorie de personne. Car on ne peut pas dire à des ingénieurs ou à des techniciens supérieurs de faire ce travail au même titre que les manœuvres ».
Selon Bréma Fané Expert à la coordination APEJ de Koulikoro, c’est parce que les jeunes ont honte de travailler dans ce secteurs qu’ils ne s’y intéressent pas : « Il ne faut pas se cacher la vérité, les jeunes de Koulikoro, ils voient cela comme un travail de seconde zone donc on a honte de travailler dans ce sens-là. Dire à un jeune né et grandi dans la ville, d’aller dans l’eau, extraire du sable et du gravier c’est très compliquer même s’il y a de l’argent dedans, sans oublier que cela demande de l’effort physique ».
Ibrahim Haidara, jeune diplômé sans emploi pense que le phénomène est lié à un complexe social : « Ce boulot a été stigmatisé comme si quelqu’un qui a été à l’école ne doit pas travailler dans ce domaine, parce que ça va rabaisser ta position sociale »
Il appartient donc aux autorités à tous les niveaux d’appuyer les responsables du secteur pour donner une bonne image à ce travail. Cela à travers une bonne organisation du domaine dans la dynamique de de faire de l’exploitation du sable et de gravier, un cadre formel pouvant absorber le problème de chômage en attirant le maximum de jeune de Koulikoro et d’ailleurs.
Nayté