Redécoupage administratif du Mali : Des associations demandent la démission du ministre Ag Erlaf
Les associations sœurs du Nord et du Sud Mali étaient face aux hommes de média ce mardi 16 octobre 2018. L’objectif était d’informer le public qu’elles rejettent catégoriquement le nouveau découpage administratif et elles demandent la démission immédiate du ministre de l’Administration territoriale.
Prenant la parole, le porte-parole des associations, M. Abdel Kader Maïga, dira que le 28 juin 2018 le Conseil de Sécurité des Nations Unies a décidé de prolonger d’un an le mandat de la MINUSMA tout en prévenant les parties maliennes de la prise de sanctions si elles ne respectaient pas les engagements convenus.
«Le 29 septembre 2018, nous avons été informés de l’existence d’un avant-projet de découpage territorial au niveau du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Le 1er octobre 2018, l’association Gao Lama, par la voix de son président, à travers des messages vocaux en langue Sonrai, bambara et française, a attiré l’attention des Maliens sur l’existence d’un projet de découpage en catimini et un morcèlement programmé de notre territoire national.
Le 3 octobre 2018, les Maliens ont découvert sur les réseaux sociaux un document intitulé: projet de loi N°2018 – …/ AN-RM portant création des circonstances administratives en République du Mali.
Le nouveau découpage projeté dans ce document prévoit 20 régions et un district. 92 cercles contre 49 existants. 34 cercles pour le nord et sur ces 34 cercles, Tombouctou et Gao ont 13 cercles ».
De l’analyse de ce document, les associations retiennent que leurs appréhensions sont maintenant fondées.
A ses dires, l’essence de toutes ces correspondances était de sensibiliser le gouvernement du Mali, la communauté internationale et le Peuple malien tout entier, sur les dérives inhérentes à la signature de l’accord et à sa mise en application d’une part, et d’autre part, proposer des solutions pour parer à l’embrasement total voire la partition même du Mali.
Quoi qu’on puisse dire aujourd’hui, force est de constater que le caractère unitaire de la République du Mali est menacé par une mise en œuvre non inclusive de l’accord d’Alger qui fragilise l’Etat à travers ses institutions. Ce qui conduira inévitablement à la partition du Mali, a laissé entendre.
« Nous rejetons avec force et détermination le projet de morcèlement du pays ».
Les raisons de ce rejet sont les suivantes :Prenant appui sur l’injonction d’une mise en œuvre accélérée de l’Accord issu du processus d’Alger, nos autorités pré fabriquent de nouvelles circonscriptions, en l’occurrence des cercles qui seront tous à dominante Touareg ou Arabe au détriment des aires géographiques des autres communautés, alors que l’Accord n’en parle nullement ;
- la région de Gao est ainsi dépecée et réduite au lit du fleuve Niger par la création d’une nouvelle région (ou cercle) dite Alata, le cercle d’Ansongo de deux communes pour en faire des cercles, à savoir Tessit et Talataye ; alors que Bourem est diminué pour créer le cercle de Ersane. La région de Tombouctou est à son tour délestée pour créer deux cercles, notamment Léré et Gossi.
- Il est patent que cette gymnastique de création de cercles est calculée et basée justement sur l’institution d’une hégémonie arabo-touarègue dans les régions du Nord du Mali.
- Le caractère injuste, inéquitable et unilatéral, sans concertation des populations à la base autour du découpage ainsi projeté, est attentatoire à la cohésion sociale, à la paix et à la prospérité du Nord du Mali.
- De par cette boucherie territoriale, nos autorités confèrent à une minorité démographique la majorité démocratique.
Démocratiquement, comment une majorité de la population du nord du Mali à 90% pourrait se retrouver avec 8 députés alors que la minorité (10%) se tape 32 députés ?
- Ce découpage est une bombe qui gangrènera tout le Mali car d’autres personnes ou communautés, tentent déjà et tenteront le même exercice pour leur terroir comme vous le savez déjà.
- L’inexistence d’une compréhension commune, de l’accord de paix issu du processus d’Alger est entrain de provoquer de graves discordes au sein de la nation malienne.
« Par la présente, nous réitérons notre rejet catégorique du projet de découpage territorial du Mali, en général et en particulier, du Nord du Mali, en cours d’élaboration et nous exigeons le retrait de ce projet de découpage unilatéral dangereux pour nos Régions, en attendant que toutes les composantes de la Nation malienne soient conviées, en temps opportun et par qui de droit, à une large et inclusive consultation dans le cadre d’une concertation nationale ».
Préoccupés par les menaces de partition du pays qui prennent de plus en plus corps, « Nous associations, société civile, Maliens de la diaspora, personnalités indépendantes, leaders d’opinions, décidons de mettre en place une coalition des associations sœurs du nord et du sud afin de conjuguer le dynamisme des initiatives individuelles de chaque entité avec le sens de l’action commune pour la défense du caractère unitaire de notre Etat, sa forme républicaine et réinstaurer la cohésion sociale sur toute l’étendue du territoire national ».
Tiéfing KANTE
La Preuve